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LE CHÔMAGE


I


Le matin, quand les ouvriers arrivent à l’atelier, ils le trouvent froid, comme noir d’une tristesse de ruine. Au fond de la grande salle, la machine est muette, avec ses bras maigres, ses roues immobiles; et elle met là une mélancolie de plus, elle dont le souffle et le branle animent toute la maison, d’ordinaire, du battement d’un cœur de géant, rude à la besogne.

Le patron descend de son petit cabinet. Il dit d’un air triste aux ouvriers :

— Mes enfants, il n’y a pas de travail aujourd’hui… Les commandes n’arrivent plus ; de tous les côtés, je reçois des contre-ordres, je vais rester avec de la marchandise sur les bras. Ce mois de