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Nous montâmes lentement sur les coteaux. En bas, le long de la Durance, étaient les prairies, de larges tapis d’un vert cru ; puis venaient des terres jaunes que, çà et là, les oliviers grisâtres et les maigres amandiers coupaient en allées largement espacées ; puis, tout en haut, se trouvaient les vignes, des souches puissantes dont les ceps traînaient sur le sol.

Dans le midi de la France, on traite la vigne en rude commère, et non en délicate demoiselle, comme dans le nord. Elle pousse un peu à l’aventure, selon le bon plaisir de la pluie et du soleil. Les souches, alignées sur deux rangs, en longues files, jettent autour d’elles des jets d’une verdure sombre. Dans les intervalles, on sème du blé ou de l’avoine. Un vignoble ressemble à une immense pièce d’étoffe rayée, faite de la bande verte des pampres et du ruban jaune des chaumes.

Des hommes et des femmes, accroupis dans les vignes, coupaient les grappes de raisin, qu’ils jetaient ensuite au fond de grands paniers. Nous marchions lentement, mon oncle et moi, le long des allées de chaume. Lorsque nous passions, les vendangeurs tournaient la tête et nous saluaient.