Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/89

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Un vieux matou de la bande me prit particulièrement en amitié. Il m’offrit de faire mon éducation, ce que j’acceptai avec reconnaissance.

Ah ! que le mou de votre tante était loin : je bus aux gouttières, et jamais lait sucré ne m’avait semblé si doux. Tout me parut bon et beau. Une chatte passa, une ravissante chatte, dont la vue m’emplit d’une émotion inconnue. Mes rêves seuls m’avaient jusque-là montré ces créatures exquises dont l’échine a d’adorables souplesses. Nous nous précipitâmes à la rencontre de la nouvelle venue, mes trois compagnons et moi. Je devançai les autres, j’allais faire mon compliment à la ravissante chatte, lorsqu’un de mes camarades me mordit cruellement au cou. Je poussai un cri de douleur.

— Bah ! me dit le vieux matou en m’entraînant, vous en verrez bien d’autres.


III


Au bout d’une heure de promenade, je me sentis un appétit féroce.

— Qu’est-ce qu’on mange sur les toits ? demandai-je à mon ami le matou.