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cation de jeune fille bien née. J’ai poussé librement, comme une plante vigoureuse. C’est pourquoi j’étouffe dans l’air de Paris.


II


Dernièrement, par une de ces rares belles après-midi que le printemps nous ménage, je me trouvais assis aux Tuileries, dans l’ombre jeune des grands marronniers. Le jardin était presque vide. Quelques dames brodaient, par petits groupes, au pied des arbres. Des enfants jouaient, coupant de rires aigus le sourd murmure des rues voisines.

Mes regards finirent par s’arrêter sur une petite fille de six ou sept ans, dont la jeune mère causait avec une amie, à quelques pas de moi. C’était une enfant blonde, haute comme ma botte, qui prenait déjà des airs de grande demoiselle. Elle portait une de ces délicieuses toilettes dont les Parisiennes seules savent attifer leurs bébés : une jupe de soie rose bouffante, laissant voir les jambes couvertes de bas gris-perle ; un corsage décolleté garni de dentelles ; un toquet à plumes blanche ; des bijoux,