Page:Zola - Travail.djvu/301

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Et, dès lors, ce fut le cri de Luc, à chaque désastre nouveau dont la Crêcherie se trouva frappée, quand les hommes refusaient de le suivre, l’entravaient dans la fondation de sa ville de travail de justice et de paix.

«  Mais ils n’aiment pas  ! S’ils aimaient, tout serait fécondé, tout pousserait et triompherait sous le soleil  !   »

L’œuvre en était à cette heure angoissante et décisive de la régression, du pas en arrière. Dans toute marche en avant, vient cette heure de la lutte, de la halte forcée. On n’avance plus, on recule même, les terrains acquis paraissent crouler, il semble que jamais plus on n’atteindra le but. Et c’est l’heure aussi où les héros s’affirment avec leur fermeté d’âme, leur indomptable foi dans la victoire finale.

Dès le lendemain, Luc tenta de retenir Ragu, qui voulait rompre l’association et quitter la Crêcherie, pour retourner à l’Abîme. Mais il se heurta à une volonté méchante et goguenarde, heureuse de mal faire, au moment où la défection des ouvriers pouvait ruiner l’usine. Puis, c’était quelque chose de plus profond, cette nostalgie du travail d’esclave, le retour au vomissement, à la misère noire, à tout l’affreux passé resté dans le sang. Sous le tiède soleil, dans la propreté gaie de sa petite maison, entourée de verdure, Ragu regrettait les étroites rues puantes du vieux Beauclair, les masures lépreuses au