Page:Zola - Travail.djvu/487

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pour cette cérémonie du travail triomphant, un décor plus beau que ces outils géants, dressant leur profil aux lignes puissantes, d’une beauté souveraine, faite de logique, de force et de certitude. Seulement, on les orna de feuillages, on les couronna de fleurs, en hommage, ainsi que les anciens autels. Les murs de briques furent décorés de guirlandes, on sema les dalles du sol de roses et de genêts effeuillés. C’était comme la floraison même de l’effort humain, tout le séculaire effort vers le bonheur qui finissait par fleurir là, et qui embaumait la besogne de l’ouvrier, autrefois injuste et si dure, libre à présent, attrayante et ne faisant plus que des heureux.

Les deux cortèges partirent, l’un de la maison du fiancé, l’autre de la maison de la fiancée. C’était Luc qui amenait le héros Nanet, suivi de sa femme Josine et de leurs enfants. C’était Sœurette qui de son côté, amenait l’héroïne Nise, leur fille adoptive à elle et à son frère Jordan. Ce jour-là, Jordan avait quitté son laboratoire, dans lequel il passait des années, comme des heures, occupé à d’infatigables recherches. Le peuple entier de la Cité nouvelle, où tous les travaux chômaient en signe d’allégresse, attendait sur le parcours pour acclamer le couple. Le beau soleil luisait, les maisons gaies étaient pavoisées de couleurs vives, les verdures étaient pleines de fleurs et d’oiseaux. Et derrière les deux cortèges, la foule des travailleurs suivait, un grand concours de peuple joyeux dont le flot envahit peu à peu les vastes halles de l’usine, larges et hautes comme des nefs d’anciennes cathédrales. Mais ce fut dans l’aile de la grande fonderie que les fiancés se rendirent, et tout de suite elle se trouva trop étroite, malgré son immensité. En dehors de Luc, des siens et des Jordan, il y avait là les Boisgelin, Paul, le petit-cousin de la mariée, qui n’avait pas encore épousé Antoinette, car leur mariage ne devait