Page:Zola - Travail.djvu/645

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la navigation aérienne sera trouvée l’homme aura conquis l’infini de l’espace, comme il avait conquis les océans. Demain, il pourra correspondre d’un bout de la terre à l’autre, sans fils ni câbles. La parole humaine, le geste humain feront le tour du monde, avec la rapidité foudroyante de l’éclair… Et, mon ami, c’est bien là cette délivrance des peuples par la science, la grande révolutionnaire invincible, qui leur apportera toujours plus de paix et de vérité. Déjà, depuis longtemps, vous avez comme défoncé les frontières, avec vos rails, vos voies ferrées, s’allongeant sans cesse, franchissant les fleuves, perçant les montagnes, ramassant toutes les nations ensemble, dans les mailles de plus en plus serrées et fraternelles de ce filet géant. Que sera-ce, lorsqu’on causera de capitale à capitale, amicalement, lorsque la même pensée, à la même minute, occupera les continents des mêmes intérêts, lorsque les nacelles des ballons voyageront par le libre infini, la patrie commune, sans connaître de douanes  ? L’air que nous respirons tous, l’espace qui est le bien de tous, sera le champ d’harmonie illimité, où, sûrement, l’humanité de demain se réconciliera… Et voilà pourquoi, mon ami, vous m’avez toujours vu si paisible, si certain de la délivrance finale. Les hommes avaient beau se dévorer stupidement, dans leurs luttes aveugles, les religions avaient beau s’obstiner à entasser les erreurs, les mensonges, pour garder leur domination, la science invincible avançait quand même d’un pas chaque jour, faisait plus de lumière, plus de fraternité, plus de bonheur. Et, d’elle-même, par la force irrésistible de la vérité, elle emportera le passé de ténèbres et de haines, elle finira par libérer les intelligences, par rapprocher les cœurs, sous le grand soleil bienfaisant, notre père à tous.  »

Il se fatiguait, sa voix devenait très faible. Pourtant, il s’égaya encore, en concluant  :