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Rob Roy/Post-scriptum

La bibliothèque libre.
Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 9p. 481-483).


POST-SCRIPTUM.


L’appendice n°11 à l’Introduction de Rob-Roy contient deux lettres curieuses relativement à l’arrestation de M. Grahame de Killearn par cet audacieux montagnard, pendant que le premier était occupé à recevoir les revenus du duc de Montrose. Ces lettres ont été données d’après les copies qui sont entre les mains du duc actuel, qui a bien voulu permettre à l’auteur d’en faire usage pour la présente publication. Ce roman venait d’être mis sous presse, quand l’honorable M. Peel qui, malgré ses importantes fonctions publiques, ne perd pas de vue les intérêts de la littérature, a transmis à l’auteur une copie des lettres originales, avec leurs adresses, dont il ne possède qu’une grossière copie. Les originaux ont été découverts dans les archives, grâce aux infatigables recherches de M. Lemon, qui jette journellement plus de lumière sur cette précieuse collection. D’après ces documents si obligeamment fournis à l’auteur, il peut reproduire les adresses qui manquaient aux copies. Celle du 21 novembre 1716 est adressée au vicomte de Townshend, accompagnée d’une autre de même date, à Robert Pringle, écuyer, sous-secrétaire d’état, qu’on a insérée ici comme ayant rapport à un événement si curieux.


Lettre du duc de Montrose à Robert Pringle, esquire, sous-secrétaire d’État, adjoint au vicomte de Townshend.


« Glasgow, 21 novembre 1716.

« Monsieur,

« Ayant eu plusieurs dépêches à écrire cette nuit, j’espère que vous m’excuserez si je confie à une autre main le soin de vous rendre compte en peu de mots de l’affaire qui nécessite le départ de cet exprès, par lequel j’écris en même temps à milord duc de Roxbargh et à milord Townshend, vous priant d’avoir soin que mes lettres leur soient exactement remises.

« M. Grahame le jeune, de Killearn, était lundi dernier à Monteith, dans une maison de campagne, occupé à recevoir mes revenus, lorsque, vers les neuf heures du soir, il fut surpris par Rob-Roy et quelques-uns de ses gens armés. Après avoir entouré la maison et s’être assurés des avenues, plusieurs d’entre eux présentèrent leurs fusils aux fenêtres, tandis que lui-même, accompagné de quelques autres, entra dans l’appartement, le pistolet à la main ; il s’empara de Killearn avec son argent, ses livres, ses papiers et billets, puis entraîna son prisonnier dans les montagnes. Ce brigand me fit écrire, par Killearn, une lettre (dont vous trouverez la copie ci-incluse), par laquelle il me propose un traité fort honorable. Je ne puis vous dire à quel point je fus surpris de cette affaire et d’un tel excès d’insolence, ni vous peindre mon inquiétude et mon chagrin de voir Killearn, mon propre parent, exposé à souffrir les barbaries et les cruautés que la malice et la vengeance peuvent inspirer à ces mécréants, parce qu’il a agi comme sujet fidèle du gouvernement, et avec zèle et affection dans mes affaires particulières.

« Il est inutile que j’entre avec vous dans de plus longs détails, puisque je sais que ma lettre à lord Townshend reviendra entre vos mains. Il ne me reste donc qu’à vous offrir les assurances de la sincérité avec laquelle je suis, monsieur,

« Votre très humble serviteur,
« Montrose. »

« Il me tarde d’avoir la réponse à mes premières dépêches au secrétaire, relativement à Methven et au colonel Urquhart, et aux cousins de ma femme, Balnamoon et Phinaven.

« Je vous prie de vouloir bien présenter mes humbles civilités à M. le secrétaire Methven, et de lui dire que je suis obligé de le renvoyer à la lettre que j’écris à milord Townshend, au sujet de cette affaire de Rob-Roy, jugeant inutile de leur écrire à tous deux. »

Certifié,
Robert Lemon,
Gardien des archives.

Bureau des archives, 4 novembre 1829.


Nota. La lettre incluse dont il est question dans celle que l’on vient de lire est une autre copie de la lettre que M. Grahame de Killearn fut forcé par Rob-Roy d’écrire au duc de Montrose : c’est exactement la même que celle qui était jointe à la lettre de Sa Grâce au lord Townshend, datée du 21 novembre 1716.

R. L.

La dernière lettre de l’appendice (du 28 novembre), qui informe le gouvernement de la mise en liberté de Killearn, est aussi adressée au sous-secrétaire d’état, M. Pringle.

L’auteur remarquera ici qu’il a découvert par des notes et renseignements donnés au gouvernement, qu’immédiatement avant l’insurrection de 1715, Rob-Roy paraît avoir été employé comme agent de confiance par le parti jacobite, même dans la mission délicate de transmettre des espèces au duc de Breadalbane, lesquelles entre ses mains n’étaient pas en moins grand danger que le trésor de l’Église entre celles de Raphaël et d’Ambroise de Lamela[1].


FIN DE ROB-ROY.



  1. Personnages du roman de Gil-Blas. a. m.