Aller au contenu

Tableau de Paris/341

La bibliothèque libre.

CHAPITRE CCCXLI.

Plâtres neufs.


Les plâtres que l’on emploie dans la construction des maisons font beaucoup de mal, parce qu’ils sechent difficilement, & que l’on habite imprudemment les édifices nouvellement bâtis. Il n’y a rien de plus dangereux : la vapeur des murs est funeste & cause des accidens innombrables. Ces émanations enfin ont dans nos foyers des influences meurtrieres. De là des paralysies & autres maladies, dont l’origine est attribuée à des causes étrangeres.

On abandonne ces maisons neuves & humides aux filles publiques : on appelle cela essuyer les plâtres. Mais au bout de deux ou trois années, ces plâtres n’ont pas encore perdu ce qu’ils ont de dangereux.

Écoutons un physicien que je vais transcrire.

« Le plâtre & la chaux, pendant leur calcination, se chargent d’une grande quantité de phlogistique qui tend sans cesse à se dissiper. Ce phlogistique ayant plus d’affinité avec les acides qu’avec les deux matieres terreuses auxquelles il est uni, les abandonne avec facilité pour s’unir à l’acide de l’air. De cette union il résulte un soufre très-volatil ; soufre qui s’unit à son tour à la terre alkaline de la chaux & du plâtre, & forme une combinaison connue en chymie sous le nom d’hepar sulphuris, ou foie de soufre. La présence de ce foie de soufre est sensible, lorsqu’on fait éteindre la chaux dans un lieu fermé.

» Suivant l’observation de tous les chymistes, le foie de soufre dissout, non-seulement la majeure partie des métaux, mais encore les substances animales & végétales : il corrode, il detruit sur-tout les matieres animales ; & l’on doit concevoir aisément les désordres affreux qu’il peut causer & qu’il cause en effet dans nos visceres, quand nous le respirons. »

M. le comte de Milly, de l’académie des sciences, célebre par des découvertes utiles en chymie, a donné un mémoire sur la maniere d’assainir les murs nouvellement faits. C’est un présent fait par un ami de l’humanité aux grandes villes, & sur-tout à la capitale, trop indifférente sur les maux qui résultent des plâtres. On possede, graces à lui, une théorie satisfaisante sur la nature du danger & sur les moyens de le prévenir. Ce mémoire se trouve dans le Journal de Monsieur, année 1779. J’invite tous les propriétaires & locataires de maisons neuves à y recourir.