Traité populaire d’agriculture/Création des champs labourés

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SECTION PREMIÈRE.

Création des champs labourés.

Deux opérations l’effectuent :

1oles labours qui préparent le sol à recevoir les racines des plantes ;

2ol’ensemencement par lequel on confie au sol les graines des plantes que l’on veut obtenir.

I
LABOURS.

Nous avons traité cette question au long lorsque nous avons étudié, dans le premier livre de ce traité, les divers moyens d’ameublir le sol.

À cette étude, nous pouvons ajouter quelques détails que nous fournit la pratique.

Au printemps, lorsque la neige disparaît et laisse la terre en état d’être labourée, le cultivateur doit tracer ses premiers sillons dans les vieilles friches ; le chaume de foin vient ensuite, le chaume de grain en dernier lieu.

Il y a aussi un ordre à observer dans le labourage des champs de même nature. Ainsi, dans les friches, on commencera par les terrains en pente pour finir par les terrains plats.

Un terrain quelconque étant donné, terrain plat ou en pente, champ de friche ou chaume de foin ou de grain, il s’y trouvera toujours des parties qui demanderont à être labourées avant d’autres ; ainsi, cette lisière du champ que foulent les pieds des chevaux, que durcit le roulage des voitures chargées ; cette autre lisière qui avoisine les fossés et les décharges, qui se dessèche rapidement, demandent à être retournées par la charrue, immédiatement après la fonte de la neige. Il ne faut pas laisser passer le temps propice ; il est souvent difficile à retrouver.

L’espèce de grain que l’on veut semer donne aussi la marche chronologique qu’il faut suivre dans le labourage des champs.

À ce point de vue, les champs qui doivent produire du blé, de l’avoine, doivent être labourés avant ceux que l’on destine à la culture de l’orge, du sarrasin, des pommes de terre.

II
ENSEMENCEMENT.

Dans tout ensemencement, il y a trois choses à considérer :

1ola semence ;

2ole semis ;

3ole recouvrement de la semence.

1oLa semence.

Son choix, sa préparation, la quantité qu’il en faut répandre sur le terrain : voilà autant de détails qu’il importe de connaître.

a]Choix de la semence. — La semence qu’on veut employer doit toujours être la meilleure, la plus pure de toute semence étrangère. De ses qualités dépendent en général la belle venue de la plante et l’abondance de la récolte. Le cultivateur ne saurait donc employer trop de soins pour se procurer une bonne semence.

I. — Dans quelques localités, on a la manie de changer de semence, dans l’idée où l’on est que la plante dégénère, reproduite toujours dans le même sol par les graines qu’elle y a données ; mais l’expérience de plusieurs agriculteurs recommandables autorise à regarder cette opinion comme une erreur.

Il n’est bon de changer de semence que parce que la généralité des cultivateurs ne mettent pas assez de soin pour choisir et nettoyer celles qu’ils récoltent eux-mêmes. Mais le cultivateur qui fait battre à part et avec soin ses grains les plus beaux, ceux dont la maturité est plus complète, et qui réserve, à dessein, dans ce but, quelques pièces plus favorisées, peut, sans danger, semer la graine dans le champ même qui l’a produite.

Il n’est qu’un cas où la pratique du changement de semence soit avantageux : c’est lorsque la semence pouvant difficilement être nettoyée des graines de certaines plantes nuisibles, propres au sol qui l’a produite, il devient nécessaire d’emprunter les semences d’un sol différent, n’offrant pas le même danger.

II. — On doit toujours préférer les semences les moins âgées, et surtout celles récoltées l’année précédente, pour la bonne raison que les semences ne conservent pas toutes, pendant un temps égal, leur faculté germinative : elles le perdent avec l’âge.

Il est reconnu que plus les semences sont vieilles, moins elles germent rapidement, et moins les individus que l’on en obtient sont vigoureux. On attribue ce résultat à ce que les enveloppes de la semence et l’embryon lui-même ayant perdu toute leur eau de végétation, il leur faut plus de temps pour absorber dans le sol l’humidité nécessaire à la végétation.

Il est toujours facile de s’assurer de la faculté germinative des semences. À cet effet, on met un morceau de coton dans une soucoupe à moitié pleine d’eau, on place sur ce coton les grains que l’on veut essayer ; on dépose la soucoupe dans un lieu où l’eau peut se maintenir tiède. Les bonnes graines ne tardent pas à germer ; en comptant celles qui ont levé et celles qui n’ont pas levé, on juge de la valeur de l’ensemble.

III. — La grosseur du grain de semence, à laquelle plusieurs cultivateurs donnent beaucoup d’attention, est une question bien secondaire, sans beaucoup d’importance dans la pratique. Les petits grains, pourvu qu’ils soient bien conformés, fournissent constamment des plantes aussi vigoureuses et des grains aussi gros que ceux obtenus des plus grosses semences.

On peut donc choisir indifféremment des grains de toute grosseur, pourvu qu’on ait soin d’écarter ceux qui sont ridés ou mal conformés.

b]Préparation de la semence. — Elle consiste dans deux opérations : le triage et le chaulage.

I. — Le triage se fait à la main ou à la machine. Le triage à la main n’a lieu que sur de petites quantités ou sur des semences qui ne peuvent être soumises à l’action de la machine ; les tubercules des pommes de terre sont dans ce cas.

Le triage à la machine se fait au moyen du crible. Le criblage a pour but d’enlever toutes graines étrangères et tous les grains maigres, chétifs et mal conformés. Ce nettoiement s’obtient en partie à l’aide du crible ordinaire, dans lequel on fait passer le grain immédiatement après le battage ; mais cette première opération ne donne pas toujours un grain propre à l’ensemencement. La semence, en effet, contient encore une certaine quantité de graines étrangères, et bon nombre de grains mal conformés.

Pour débarrasser la semence de ces substances étrangères et inutiles, on lui fait subir un second criblage, dans un crible particulier, connu sous les noms de crible cylindrique, crible trieur, trieur d’agriculture, trieur ou séparateur de grains.

La meilleure machine doit produire les résultats suivants :

1oventiler le grain, c’est-à-dire, éliminer la poussière, les balles et tous les corps plus légers que lui ;

2oémotter, c’est-à-dire, séparer de la semence tous les grains, graviers, terre, tous les corps, en un mot, plus lourds que le grain de la semence ;

3ocribler, c’est-à-dire, purger le bon grain des grains maigres et chétifs et de tous les corps étrangers plus petits que lui ;

4otrier, c’est-à-dire, séparer de la semence tous les graviers, terres, grains de même grosseur que le grain que l’on veut semer.

Un triage moins coûteux, plus primitif, est le suivant. Avant de procéder à l’ensemencement, on jette les semences dans un baquet plein d’eau ; les bonnes graines gagnent le fond ; les mauvaises, celles qui sont privées de la faculté germinative, surnagent. On sépare, rien de plus facile ; on sème les bonnes graines, on donne les mauvaises aux volailles.

II. — Le chaulage des semences, de celles du blé spécialement, est d’une grande importance. Il a pour but de nourrir la plante et de prévenir certaines maladies.

Le chaulage a lieu de trois manières différentes : par immersion, par aspersion, par absorption.

Pour chauler par immersion, on fait d’abord un lait de chaux, que l’on met dans une cuve. On y verse ensuite et lentement le grain, jusqu’à ce que l’eau n’excède plus le grain que de deux travers de doigt environ. Dans cette opération, les grains légers ou avariés surnagent, on les enlève et on laisse les autres plongés dans le liquide pendant une demi-heure environ. Au bout de ce temps, on retire le grain de l’eau, on l’étend pour le faire sécher ; il peut être semé dès le lendemain.

Le chaulage par aspersion se pratique en versant sur le grain que l’on veut chauler une bouillie très délayée, formée par le mélange de la chaux avec une petite quantité d’eau. Pendant l’aspersion, on doit remuer soigneusement la semence avec une pelle, de manière à ce que chaque grain participe à cet arrosement. La semence peut dès le lendemain être confiée à la terre.

Le chaulage par absorption a lieu en faisant d’abord subir au grain un lavage complet dans une eau naturelle. Aussitôt qu’il en est retiré et encore tout humide, on le saupoudre avec de la chaux vive, ayant soin de mêler le tout exactement, afin que tous les grains s’imprègnent de la poussière caustique.

Le chaulage ainsi pratiqué, c’est-à-dire la chaux employée seule, ne produit pas toujours l’effet qu’on en désire. Cet effet est plus certain si à la chaux on ajoute du sulfate de soude ou des cendres vives.

Voici alors comment on procède.

On prend une demi-livre de sulfate de soude que l’on fait dissoudre dans un gallon d’eau : c’est la quantité nécessaire à un minot de semences.

On met le grain dans une cuve et on l’arrose avec la dissolution de sulfate de manière à ce qu’il soit humecté partout ; on répand alors la poudre de chaux, ayant soin de remuer constamment, de manière à ce que tous les grains soient exactement couverts de chaux. L’opération est alors terminée, elle ne dure ainsi que quelques minutes.

Si l’on fait usage de cendres, on en met bouillir deux gallons dans trois ou quatre seaux d’eau ; on prend ensuite deux gallons de chaux éteinte que l’on délaye dans cette eau. On arrose ensuite le grain de ce mélange, on laisse sécher jusqu’au lendemain et l’on sème.

c]Quantité de semence. — La quantité de semence à employer sur une étendue donnée de terrain n’est pas chose indifférente. Pour que les plantes qui en proviennent donnent le plus haut produit possible, il faut qu’elles couvrent toute la surface du sol et qu’elles y occupent chacune l’espace dont elles ont besoin pour se développer complètement sans se nuire les unes aux autres.

Déterminer la quantité de semence à répandre sur le sol, d’une manière constante et invariable, n’est pas chose facile. Cette quantité est soumise à une foule de circonstances : elle peut dépendre de la qualité du sol, de la grosseur du grain, du climat, de la température, de l’époque plus ou moins avancée ou reculée de la semaille, etc.

On voit d’après ce simple énoncé d’une partie des circonstances avec lesquelles il faut compter, que la détermination de la quantité de la semence ne peut être qu’approximative.

On doit donc se borner à poser quelques règles générales, en admettant toutes les exceptions nécessitées par les circonstances.

Sur les terrains très gras, on sème plus clair, parce que les plantes y viennent plus fortes.

Dans un terrain superficiel, on sème aussi plus clair, parce que les racines, au lieu de s’y enfoncer profondément, se répandent à la superficie et s’y entrelacent ; les récoltes y seraient donc compromises, si les plantes s’y trouvaient trop épaisses.

Les graines qui produisent des plantes très fortes doivent être clairsemées.

Les semences qui contiennent beaucoup de graines étrangères doivent être semées plus épaisses que celles qui en ont été parfaitement nettoyées.

Les terrains qui sont enclins à la production des mauvaises herbes demandent plus de semence.

Plus la température et le climat, à l’époque des semailles, sont défavorables à la végétation des plantes, plus il faut de la semence.

Les semailles tardives doivent être plus épaisses que les hâtives.

Lorsqu’on emploie des grains surannés, où il y a diminution du produit à craindre, il faut une plus grande quantité de semence.

La quantité de semence est importante, avons-nous dit ; il faut qu’elle ne soit ni trop forte, ni trop petite. Trop forte, il y a non seulement perte de semence, mais diminution sensible de produit par l’effet de l’étiolement qu’éprouvent les plantes trop rapprochées entre elles.

Si l’on sème trop clair, il y a également diminution de produit, parce que tout le terrain ne se trouve pas utilement employé ; il y a aussi salissement de la terre, parce que les semences nuisibles qu’elle recèle toujours dans son sein ou qu’elle reçoit par diverses causes, ayant plus d’air pour germer et plus d’espace pour se développer, peuvent s’y multiplier considérablement.

Il y a donc soustraction de produit des deux côtés, et ensuite perte de semence dans le premier cas, et salissement de la terre dans le second. Il est vrai que dans le premier cas, on peut diminuer l’excédent du plant nécessaire par quelques hersages répétés, dans la pratique en grand, ou par le sarclage, dans la petite culture. Si, au contraire, le plant se trouve trop clair, il n’est pas aussi facile de remplir les lacunes, que d’éclaircir le plant surabondant ; on ne peut non plus empêcher le salissement du sol par les mauvaises herbes, ce qui fait tort non seulement à la récolte actuelle, mais aussi aux récoltes suivantes.

2oLe semis.

Le semis se fait de deux manières : à la volée ou en lignes.

a]À la volée. — Le semis à la volée est le plus usité, mais il exige aussi une grande habileté pour que la semence soit également répartie sur la surface du champ.

Pour semer à la volée, on projette le grain en faisant décrire un arc de cercle à la main, qui, partant de sa position étendue en avant, vient frapper l’épaule opposée, de manière à imprimer un mouvement parabolique à la semence. Le semeur sème soit d’une seule main, soit alternativement des deux mains, de l’une en allant, de l’autre en revenant, et seulement tous les deux pas ; ou encore, il sème des deux mains à la fois, en projetant à chaque pas, tantôt une poignée de grain à droite, tantôt une à gauche. La direction suivie par le semeur est, en général, parallèle à la plus grande longueur du champ, ce qui évite les fréquents retours qui font perdre beaucoup de temps.

Lorsqu’on ne sème que d’une main, on porte la semence dans un tablier ; on met le grain dans la partie antérieure, et on enroule la partie inférieure autour de son bras gauche ou de son bras droit selon que l’on sème avec l’une ou l’autre main. Pour semer des deux mains à la fois, on se sert d’un panier aux deux anses duquel sont liées les deux extrémités d’une lanière en cuir que le semeur se passe autour du cou, de manière à avoir les deux mains libres.

On peut aussi semer à la volée à l’aide d’un instrument particulier, d’invention américaine, qui a fait son apparition il y a déjà quelques années. Cet instrument, très simple, consiste en un sac, dont la partie inférieure se rattache à une boîte en tôle ayant la forme d’un moulin à café. Cette partie de l’instrument se fixe à la ceinture, la partie supérieure du sac s’attache autour du cou.

Un cône tronqué, en métal, creusé à son intérieur, se rattache par son sommet à la partie antérieure de la boîte du semoir ; une partition mobile établit la communication entre ces deux morceaux, c’est par elle qu’on règle la quantité de semence qu’on doit laisser sortir. Une manivelle fait tourner le cône de métal, et comme ce cône est partagé en quatre par de petites lames qui partent du sommet se dirigeant vers la base, le grain qui sort, arrêté dans son trajet, reçoit du cône un mouvement centrifuge très prononcé, assez fort pour lui permettre de s’étendre dans un rayon de 25 à 30 pieds.

b]En lignes. — Le semis à la volée présente deux inconvénients ; le premier, c’est de répartir inégalement la semence ; le second, c’est d’exiger pour être enterré l’emploi de moyens imparfaits. En effet, la herse et les autres instruments dont on se sert pour enfouir la semence, l’enterrent à des profondeurs inégales. De là, irrégularité dans la germination et par suite dans la maturité de la plante, sans compter qu’un certain nombre de graines, enfouies trop profondément, ne lèvent pas du tout.

Pour remédier à ces deux inconvénients, on sème en lignes.

Le semis en lignes se fait à la main ou à l’aide d’un semoir.

Les pommes de terre se sèment en lignes et à la main.

Les semoirs varient suivant l’espèce de graines que l’on veut semer ; c’est ainsi que lorsque l’on veut semer de la graine de navets, de carottes, de betteraves, on se sert d’un semoir qui ne sème qu’un rang à la fois ; si, au contraire, on veut semer des céréales, on fait usage d’une autre espèce de semoir, mû par un cheval et qui répand la graine sur une plus grande surface.

Le semis en lignes présente sur le semis à la volée les avantages suivants : répartition régulière de la semence ; son enfouissement à des profondeurs égales qu’on fait varier suivant les besoins ; sa disposition en lignes parallèles, dont on peut, à volonté, modifier la distance, ce qui permet l’application du binage ; enfin, conséquence de ces avantages, économie d’un tiers de la semence.

On objecte néanmoins à l’emploi du semoir, comme longtemps on a objecté contre l’usage de la faucheuse. Le semoir, dit-on, demande un terrain parfaitement ameubli ; il exige donc un surcroît de travail et de dépenses.

C’est vrai, il faut un terrain ameubli, c’est une condition nécessaire au bon fonctionnement de la machine ; mais, d’un autre côté, ce degré d’ameublissement est précisément celui que donnent à leurs terres les cultivateurs amis du progrès ; l’objection ne peut donc venir, en général, que de cultivateurs qui trahissent ainsi le besoin qu’éprouvent leurs terres d’être améliorées.

Reste l’objection peut-être un peu plus fondée relative au prix ; mais si l’on considère que pareille objection a été formulée contre l’emploi de la faucheuse et que néanmoins elle est tombée devant les exigences de la main-d’œuvre qui devenait de plus en plus rare, qu’elle a succombé quand on a pu se rendre compte que les profits que donnait ce dernier instrument couvraient dans deux ou trois ans le prix de son acquisition, — on peut présumer que cette seconde objection ne tiendra pas et qu’avant longtemps toute ferme bien tenue comptera le semoir au nombre des instruments indispensables de sa culture.

Nous signalons à l’attention du public agricole la récente invention du semoir Vesot.

Ce semoir, invention canadienne, est construit de manière à pouvoir semer simultanément une céréale quelconque avec la graine de mil et de trèfle ; un rouleau, fixé à sa partie postérieure, enterre ces dernières graines en même temps qu’il plombe le terrain.

3oRecouvrement de la semence.

La semence est recouverte par deux procédés différents suivant que l’ensemencement est fait sur raie ou sous raie.

a]Sur raie. — L’ensemencement sur raie consiste à répandre la semence sur le labour.

C’est cette semence qu’il s’agit d’enterrer.

Avec les semoirs mécaniques, cette opération s’exécute par l’instrument même, au moment du semis.

Dans les autres cas, on se sert de la herse ou du rouleau.

On enterre avec la herse, soit en répandant la graine sur le labour et hersant ensuite, soit en hersant d’abord le labour, semant ensuite et donnant enfin un nouveau coup de herse pour recouvrir la semence. Cela dépend de la profondeur à laquelle on veut que la semence soit enterrée. Dans le premier cas, elle tombe dans l’intervalle qui existe entre la crête de chaque sillon. Il en résulte que le grain se trouve réuni en trop grande quantité sur certains points, tandis que d’autres en sont privés ; un certain nombre de grains s’engagent même entre les crevasses formées au fond des sillons et se trouvent ainsi enterrés à une trop grande profondeur. Un coup de herse, avant la semaille, remédie à ces inconvénients et assure dans les terres compactes et humides, une bonne levée au grain.

Les graines doivent être enterrées d’autant moins profondément qu’elles sont plus fines ; de là, nécessité de faire choix d’un instrument qui réponde aussi parfaitement que possible aux exigences de chaque plante en particulier.

C’est ainsi que les graines fines ne demandent à être enterrées que par des herses légères ; quelques-unes même, telles que les graines de mil et de trèfle, sont suffisamment enterrées par l’action du rouleau.

Non seulement les graines fines, mais encore les grains des céréales se trouvent fort bien du roulage, pratiqué, pour les premières, immédiatement après leur semis, pour les derniers, après leur enfouissement par le hersage.

En comprimant ainsi la terre autour des semences, immédiatement après qu’elles ont été recouvertes, le plombage a pour effet de faire disparaître les vides qui existent dans le sol, autour des graines. Celles-ci, se trouvant alors, par toute leur surface, en contact immédiat avec la terre, y puisent plus facilement l’humidité nécessaire à leur germination.

Il est aisé de comprendre que cette opération est d’autant plus nécessaire que l’ensemencement est plus superficiel, ou qu’il succède à une récolte qui a plus profondément ameubli la terre, ou encore que le sol est plus léger.

Dans les terres argileuses, il ne faut pas rouler par un temps humide. Cette opération peut alors avoir l’inconvénient, s’il survient de la sécheresse, de serrer trop les molécules du terrain ; il se forme une croûte qui se durcit, une enveloppe que les germes de la plante ne peuvent pas toujours facilement percer.

b]Sous raie. — L’ensemencement sous raie consiste à recouvrir la semence à l’aide d’un labour. Le mode d’opérer varie suivant l’espèce de semence qu’il s’agit de recouvrir par la charrue.

Semé à la volée, ce grain est ensuite enfoui par un labour superficiel ; c’est la méthode la plus généralement usitée lorsqu’on sème sous raie les pois, le blé ou les autres céréales.

Si l’on sème en lignes et que la semence doive être enterrée par la charrue, il faut avoir soin de la placer au fond de la raie qui vient d’être ouverte ; le sillon suivant tombe sur la semence et l’enterre. On laisse un, deux ou trois sillons vides, selon la distance que l’on veut réserver entre chaque ligne.

C’est ainsi qu’habituellement on sème les pommes de terre.

Enfin la semence en lignes peut être recouverte à l’aide du buttoir.

Ainsi, lorsque l’on sème des pommes de terre ou du maïs dans des sillons construits à l’aide du buttoir, on peut enterrer ensuite la semence en faisant passer le même instrument entre deux sillons ; on renverse ainsi chaque ados et la terre qui tombe dans les raies latérales recouvre les semences qui ont été déposées dans les sillons.

Nous ne faisons qu’indiquer cette manière de recouvrir la semence ; en parlant de la culture de la pomme de terre, nous verrons que tout en conservant la méthode de semer ce tubercule dans les sillons, nous pouvons trouver, pour l’enterrer, une méthode plus simple, plus rationnelle, qui permet ensuite un hersage plus efficace, une destruction plus complète des mauvaises herbes du terrain.