Une leçon de morale/I/Dernier jour de l’hiver premier jour du printemps

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DERNIER JOUR DE L’HIVER
PREMIER JOUR DU PRINTEMPS

Au mal :

On couche sur la paille
On a rêvé jadis
De s’étendre à l’infini
Sur la dentelle des sens

On a rêvé de voir dans le gouffre des sens

Il y eut les yeux des autres
Il y eut la bêtise
L’ignorance et la nuée
L’origine et la fin

Et mon cœur et le tien

Dernier jour de l’hiver
Premier jour du printemps
Deux mondes bien à nous
Qui toujours nous hantaient

Nous voulions les confondre

Morte et la vie dis-moi ce que j’attends du monde
Aujourd’hui je suis prêt à comprendre mon mal
On a rêvé jadis aujourd’hui je veux vivre

J’ai perdu mon reflet dans le gouffre des sens
Ma nuit trouble la nuit mais n’attend plus le jour
Je suis au point mortel je n’ai pas d’avenir

On couche sur la paille
Malheureux à demi sans penser au bonheur
Un malheureux conscient s’étend sur son fumier

Il fait bon il fait noir
Le noir est la formule
On a rêvé jadis
On a eu tort pour vivre il ne faut pas rêver

Il faut se contenter d’être usé avant l’heure.

Au bien :

La gorge lourde du soleil
S’offre à mes lèvres par tes lèvres
À mes mains par tes mains prodigues
De toute ta chair à mon corps

Mon désir est plus grand que le ciel et la mer

D’être deux fois et d’être partagés
Nous nous sentons plus forts nous dominons le jour
Et les plaisirs du jour et les douleurs du jour
Notre cœur couvre tous les horizons

Mon désir mon amour tient entre tes yeux purs

Et nos caresses paysages
Nos premiers baisers de printemps
Nos lourdes étreintes d’orage
Unissent les quatre éléments

Vois la chaleur et vois mon chant qui t’éternise.