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VI
PRÉFACE.

Et nos colonies, ces terres lointaines avides de civilisation, n’ont-elles pas, à leur tour, réclamé des Jardins d’essai, des Pépinières de propagande, de quoi faire jaillir de leurs flancs les richesses si précieuses à notre hémisphère ?

N’y a-t-il pas là une solution du fameux problème de la culture intensive, ce levier actionné par un labeur incessant et soulevant les grandes questions internationales, économiques, financières… et humanitaires, oserons-nous dire ?

Aussi n’est-il pas surprenant que, dans les derniers siècles, des ministres tels que Sully, Colbert, Turgot, François de Neufchâteau, Chaptal, aient ordonné l’organisation de pépinières officielles, chargées surtout d’approvisionner la plantation des routes et des vergers, et de réparer les désastres des grands hivers[1].

  1. La « plus considérable » des pépinières départementales était, d’après Calvel, celle de Guerrapain, dans l’Aube ; elle fut anéantie par l’invasion de 1814, au terrible combat de Méry-sur-Seine, et les survivants en furent ramenés à Troyes.

    Un autre enfant de l’Aube, Moreau, avait fondé à La Rochette, près de Melun, une pépinière de 500 arpents (plus de 200 hectares) qui distribuait gratuitement, aux frais de l’État, « les arbres fruitiers aux gens de la campagne, et les autres à tous ceux qui s’occuperaient de faire des plantations ». Des millions de plants furent ainsi répartis.

    Les travaux en étaient confiés à des escouades d’enfants assistés, sous la conduite d’un maître pépinier. Mais, en 1780, le ministre Necker, en retirant le patronage officiel, fit sombrer cette colossale entreprise philanthropique.