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PART. I. — TEXTES DE L’ANCIEN TESTAMENT. — LIVRE D’ENOCH.

multipliés dans ces jours, il arriva que des filles leur naquirent élégantes et belles.

2. Et lorsque les anges, les enfants des cieux, les eurent vues, ils en devinrent amoureux ; et ils se dirent les uns aux autres choisissons-nous des femmes de la race des hommes, et ayons des enfants avec elles[1].

3. Alors Samyaza leur chef leur dit : Je crains bien que vous ne puissiez accomplir votre dessein.

4. Et que je supporte seul la peine de votre crime.

5. Mais ils lui répondirent : nous vous le jurons.

6. Et nous nous lions tous par de mutuelles exécrations ; nous ne changerons rien à notre dessein, nous exécuterons ce que nous avons résolu.

7. En effet ils jurèrent et se lièrent entre eux par de mutuelles exécrations. Ils étaient au nombre de deux cents, qui descendirent sur Aradis[2], lieu situé près le mont Armon.

8. Cette montagne avait été appelée Armon[3], parce que c’est là qu’ils avaient juré et s’étaient liés par de mutuelles exécrations.

9. Voici le nom de leurs chefs : Samyaza[4], leur chef, Urakabarameel, Akibeel, Tainiel, Ramuel, Danel, Azkeel, Sarakmyal, Asael, Armers, Batraal, Anane, Zavebe, Samsaveel, Ertael, Turel, Yomyael, Arazeal. Tels furent les chefs de ces deux cents anges ; et le reste étaient tous avec eux.

10. Et ils se choisirent chacun une femme, et ils s’en approchèrent, et ils cohabitèrent avec elles ; et ils leur enseignèrent la sorcellerie, les enchantements, et les propriétés des racines et des arbres.

11. [5] Et ces femmes conçurent et elles enfantèrent des géants.

12. Dont la taille avait trois cents coudées. Ils dévoraient tout ce que le travail des hommes pouvait produire, et il devint impossible de les nourrir.

13. Alors ils se tournèrent contre les hommes eux-mêmes, afin de les dévorer.

14. Et ils commencèrent à se jeter sur les oiseaux, les bêtes, les reptiles et les poissons, pour se rassasier de leur chair et se désaltérer de leur sang.

15. Et alors la terre réprouva les méchants.

CHAPITRE VIII.

1. Azazyel enseigna encore aux hommes à faire des épées, des couteaux, des boucliers, des cuirasses et des miroirs ; il leur apprit la fabrication des bracelets et des ornements, l’usage de la peinture, l’art de se peindre les sourcils, d’employer les pierres précieuses, et toute espèce de teintures, de sorte que le monde fut corrompu.

2. L’impiété s’accrut ; la fornication se multiplia, les créatures transgressèrent et corrompirent toutes leurs voies.

3. Amazarak enseigna tous les sortilèges tous les enchantements et les propriétés de racines[6].

4. Armers enseigna l’art de résoudre les sortilèges.

5. Barkayal enseigna l’art d’observer les étoiles.

    sous les yeux une rédaction différente de celle qui nous est parvenue, ou qu’il citait de mémoire et très-librement, substituant ses idées à celle du pseudo-Enoch. Le grec détermine la durée du temps avec une apparence de prévision chronologique qui n’est point dans l’esprit de l’auteur primitif. On peut consulter Goar dans son édition de Syncelle et Bredow, qui a joint une dissertation à l’édition donnée par Dindorf à Bonn.

  1. Ceci se rattache à un passage célèbre de la Genèse, au commencement du chapitre vi. Nous n’avons point à nous occuper en ce moment des opinions diverses qui se sont émises à cet égard et des travaux des interprètes. Nous signalerons seulement une dissertation spéciale de Horst (ZauberBibliothek) et celle de G. Wernsdorf, Exerc. hist. crit. de commercio angelorum cum filiabus hominum, Wittemberg, 1742, in-4°.
    Voir aussi Dom Calmet, Commentaire sur la Bible, 1724, t. I, p. 60, et J. de La Haye, Biblia maxima, 1660, t. I, p. 71. M. Cahen traduit : Les fils des grands virent que les filles du peuple étaient belles.
  2. Ce nom ne se trouve pas dans l’Écriture, et il est douteux que la plus haute cime du mont Hermon fût ainsi appelée. Le texte grec donné par Syncelle porte : « Ils descendirent dans les jours de Jared du sommet du mont Hermon. » Cette leçon paraît la meilleure, ainsi que l’indique un passage d’Origène (t. VIII, p. 132, éd Huet). Voir la note d’Hoffmann, t. I, p. 103.
  3. Ceci montre que le livre d’Enoch fut d’abord rédigé en hébreu ; Hermon ou Chermon dans cet idiome dérive d’un radical qui signifie maudire, frapper d’anathème.
    Saint Hilaire fait allusion à ce passage, mais il ne savait pas le nom du livre qui nous occupe ; il dit dans son commentaire sur le psaume cxxxiii : « Hermon mons est in Phoenice cujus interpretatio anathema est; quod enim nobis anathema nuncupatur, id hebraice Hermon dicitur. Fertur autem id, de quo etiam, nescio cujus, liber exstat, quod angeli concupiscentes filias hominum, cum de cœlo descenderent, in hunc montem maxime excelsum. »
  4. Ce même ange est appelé Semiaza, chap. 68, M. Dillmann pense que cette variante et quelques autres qu’on remarque parfois, ne prouvent rien contre l’unité de composition du livre d’Enoch ; ce sont des erreurs de copistes. On comprend sans peine que des noms propres n’aient pu traverser une longue période sans s’altérer. Le texte éthiopien indique 18 anges ; il y en a 20 dans le texte grec qui, en cet endroit est préférable, car 200 anges divisés en décuries, devaient avoir dix chefs. Nous nous bornerons à indiquer une longue note de MM. Hoffmann (t. I, p. 107 et suiv.) et Dillmann (p. 93-95) au sujet de ces noms.
  5. Ce verset et les suivants, 11, 12, 13, 14,15, semblent appartenir au précédent chapitre, et devraient, ce semble, être insérés entre le 8 : et le 9. verset de ce chapitre. Telle est leur place dans le fragment grec, cité par Syncelle.
  6. Cette divination au moyen de certaines racines (et de certains bois) n’est pas indiquée dans le texte grec. On en trouve des exemples dans Joséphe, De bello jud. vii, 6, et Antiq. viii, 2. Le nom de l’ange Amézarac ne s’était pas encore rencontré ; il n’est pas douteux que ce nom ne soit celui d’un des anges indiqués au chapitre précédent et un peu modifié.