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PART. I. — TEXTES DE L’ANCIEN TESTAMENT. — ESDRAS III.
servés ; ils savent aussi ce qui est réservé à ceux qui ont crucifié leur chair, et qui ont été persécutés par les hommes méchants ; à ceux qui ont aimé leur Dieu, qui n’ont point mis leur affection dans l’or et dans l’argent, qui, loin de livrer leur corps aux voluptés de ce monde, ont tourmenté leurs corps par des supplices volontaires.

24. À ceux qui depuis le jour de leur naissance n’ont point ambitionné les richesses terrestres, mais se sont regardés comme un esprit voyageur sur la terre.

25. Telle a été leur conduite, et cependant Dieu les a bien éprouvés ! mais leurs esprits ont toujours été trouvés purs et innocents, et prêts à bénir le Seigneur ; j’ai consigné dans mes livres toutes les récompenses qu’ils auront méritées, pour avoir aimé les choses célestes plus qu’eux-mêmes. Voici ce que Dieu dit : Quand ils étaient persécutés par les méchants, couverts d’opprobres et d’injures, ils ne cessaient de me louer. Maintenant j’élèverai leurs esprits jusqu’au séjour de la lumière ; je transformerai ceux qui sont nés dans les ténèbres, et qui n’ont point rapporté à eux la gloire que leur foi leur avait méritée.

26. Je conduirai dans le séjour des splendeurs ceux qui aiment mon nom, je les ferai asseoir sur des trônes de gloire, et je les ferai tressaillir d’une joie éternelle ; car le jugement de Dieu est rempli d’équité.

27. Il donnera à ces fidèles une demeure fortunée ; quant à ceux qui sont nés dans les ténèbres, ils se verront précipités dans les ténèbres, pendant que les justes jouiront d’un bonheur sans mesure. Les pécheurs en les voyant pousseront des cris de désespoir, tandis que les justes vivront dans la splendeur et la gloire, et éprouveront à jamais la vérité des promesses d’un Dieu qu’ils ont aimé.

Fin de la vision du prophète Énoch. Que la bénédiction et la grâce du Seigneur descendent sur ceux qui l’aiment. Ainsi soit-il.


ESDRAS.

(Troisième livre d’Esdras.)

PRÉFACE DE VENCE SUR LE TROISIÈME LIVRE D’ESDRAS.


Ce livre a reçu le surnom d’Esdras, parce qu’à la réserve du chapitre premier, qui est copié sur le trente-cinquième chapitre et sur les vingt-un premiers versets du chap. xxxvi du IIe livre des Paralipomènes presque tout le reste n’est qu’une répétition des mêmes choses rapportées, à quelques exceptions près, mot par mot, dans le premier livre d’Esdras et dans les treize premiers versets du chapitre huitième du second livre du même nom ; mais ce qui a déterminé le plus grand nombre des anciens Pères à le rejeter, nonobstant cela, hors du canon des livres sacrés, c’est qu’ils ont cru que l’histoire rapportée dans le troisième et quatrième chapitre, à l’occasion du retour des Israélites de leur captivité et de la permission qui leur fut accordée par Darius de rebâtir le temple de la ville de Jérusalem, avait tout l’air d’une fable, quoiqu’elle soit rapportée par Josèphe (lib. II Antiquit., cap. 4, p. 362, de l’édition grecque et latine de Genève, en 1533), parce qu’il n’était pas possible de l’accorder avec ce que l’auteur même avait emprunté et extrait du premier livre d’Esdras ; outre qu’ils ont trouvé dans ce que cet auteur a copié ou extrait de l’écrivain sacré, des méprises si grossières et si fréquentes sur la vérité de l’histoire, et à l’égard des noms propres de ceux qui revinrent à Jérusalem, dont il transcrit la liste, qu’ils n’ont pu s’empêcher d’en attribuer la faute, ou au mauvais original dont l’auteur s’était servi, ou à l’ignorance de ses copistes, ou, enfin, à celle de ceux qui l’avaient traduit depuis en grec. N’en pouvant pas alors juger entièrement, puisqu’il ne leur était resté, non plus qu’à nous, qu’une version grecque et quelques latines, ce livre est néanmoins cité par quelques-uns des anciens Pères, savoir : par saint Athanase, dans son apologie à Constantin, où il rapporte au commencement, ce qui est dit au chap. iv de ce troisième livre d’Esdras par Zorobabel, à l’avantage de la vérité ; par saint Augustin, lib. xviii De civit. Dei, cap. 36 ; par saint Cyprien, ou l’auteur de De singularitate clericor., p. 380, de l’édition de Rigault ; par saint Ambroise et par quelques autres. On trouve dans le tome IV des Polyglottes ce livre en grec, avec deux versions latines et une syriaque, faites sur la version grecque. L’une de ces versions latines, ordinairement insérée dans la Vulgate, est très-différente du grec et remplie de fautes, d’omissions et de méprises des copistes : la syriaque est plus exacte, plus correcte, et aussi plus conforme à ce qui est rapporté dans les livres des Paralipomènes, du premier et du second d’Esdras. Saint Jérôme, dans sa préface sur les livres canoniques d’Esdras, met une grande différence entre les premiers livres et celui-ci, et le quatrième, car il les place non seulement au rang des apocryphes, mais encore au nombre de ceux qui sont remplis de fables.