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PART. I. — TEXTES DE L’ANCIEN TESTAMENT. — ESDRAS IV.

ront-elles accomplies ? Lorsque le bois sera abattu et relevé, et lorsque le sang coulera du bois. Saint Jean même, dans l’Apocalypse[1], semble y faire allusion en disant : J’ai vu sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été mis à mort… qui criaient à haute voix, en disant Jusqu’à quand, Seigneur, ne nous jugerez-vous point, et ne vengerez-vous point notre sang ? L’auteur du IV livre d’Esdras dit : Les âmes des justes qui demeurent dans le lieu où elles sont en réserve ne demandentelles pas la fin de ces choses, en disant : Jusqu’à quand espérerai-je ainsi, et quand viendra le fruit de ma récompense ? Mais il y a plus d’apparence que c’est l’auteur du IV livre d’Esdras quí fait allusion à l’Apocalypse, dont l’antiquité et l’authenticité sont reconnues.

Les anciens Pères grecs et les latins ont cité ce IV livre avec éloge, et quelques-uns ont marqué expressément que l’auteur avait parlé par l’inspiration de l’Esprit divin. Saint Ambroise est celui qui en à eu des sentiments plus avantageux, et qui en a parlé plus souvent. Dans son livre du Bien de la mort[2], non-seulement il allègue cet ouvrage, mais il dit qu’il rapporte des témoignages des écrits d’Esdras, pour montrer aux païens que ce qu’ils ont de bon, ils l’ont tiré de nos livres. Et plus bas il dit[3] que saint Paul a suivi les sentiments d’Esdras, et non pas ceux de Platon ; qu’Esdras a parlé par l’inspiration du Saint-Esprit, et que c’est ce qui le relève au-dessus des philosophes. Il s’exprime avec la même force dans le second livre du Saint-Esprit[4], dans le discours sur la mort de son frère Satyre[5], et enfin dans l’épître à Orontien[6]. Dans ce dernier ouvrage, il conseille la lecture d’Esdras, pour prouver que les âmes sont d’une substance plus relevée que le corps. Partout II Parle de l’auteur du IV livre d’Esdras comme d’un homme inspiré.

Tertullien a cité le même auteur, mais sans le nommer et sans lui donner aucun éloge particulier. Seulement il cite le livre de cet auteur comme Ecriture sainte[7]. Saint Clément d’Alexandrie allègue aussi Esdras dans l’explication de la prophétie de Daniel[8]; mais je ne trouve pas son passage dans Esdras. Voici ce qu’il en dit : Il est écrit dans Esdras : Et de même que le Christ, roi et chef des Juifs, a été à Jérusa lem, après que les sept semaines ont été accomplies, el que toute la Judée a été en repos et sans guerre dans les soixante-deux semaines, de même le Christ notre Seigneur, Saint des saints, étant venu, et ayant accompli les visions et les prophéties, a reçu l’onction par l’Esprit de son Père. Il le cite encore dans un autre endroit[9], après Jérémie, comme étant de la même autorité. L’auteur de la Synopse attribuée à saint Athanase[10] ne reconnaît point ce IV livre. Il dit seulement, après avoir parlé des deux autres, que l’on assure qu’Esdras conserva et mit en lumière les livres de l’Ecriture ; mais il ne dit cela que comme un sentiment vague, fondé sur un ouï-dire, et non comme l’ayant lu dans un livre authentique. L’auteur de l’ouvrage imparfait sur saint Matthieu[11] cite le prophète Esdras : Dicit enim propheta Esdras omnium sanctorum numerum esse quasi coronam.

Enfin saint Cyprien[12] et les autres anciens qui ont cru la fin du monde fort proche, semblent n’avoir puisé ce sentiment que dans le IV livre d’Esdras, qu’ils recevaient par conséquent comme un livre divin. J’en dis autant de tous ceux qui ont cru qu’Esdras avait composé de nouveau et renouvelé les saintes Ecritures. Ces sentiments ne se trouvent en aucun endroit des livres sacrés, sinon dans ce IV livre d’Esdras. Génébrard, qui s’est déclaré en faveur de cet ouvrage, nous apprend que Pic de la Mirande l’avait en hébreu écrit à la main, parmi les soixantedouze qu’Esdras dit avoir dictés touchant la science occulte[13]. Saint Jérôme, tout contraire qu’il est aux III et IV livres d’Esdras, semble pourtant reconnaître ce IV livre, puisqu’il ne nie pas qu’Esdras ne soit le restaurateur des livres sacrés : Sive Mosen volueris auctorem Pentateuchi, sive Esdram ejusdem instauratorem, non recuso[14]. Voilà les principales raisons dont on peut appuyer l’autorité du IV livre d’Esdras.

II. A toutes ces raisons il n’y en a qu’une à opposer, mais qui est péremptoire : c’est que ni les Grecs ni les Latins ne l’ont jamais reconnu pour canonique d’un consentement unanime. Saint Athanase[15] ne le

[16]
  1. Apoc. vi, 9 : Vidi subius altare animas interfectorum propter verbum Dei… Et clamabant voce magna dicentes : Usquequo, Domine, sanctus et verus, non judicas, et non vindicas sanguinem nostrum ? Confer. IV Esdr. iv, 35. Nonne de his interrrogaverunt animæ justorum in promptuariis suis, dicentes : Usquequo spero sic ? et quando veniet fructus areœ mercedis nostræ ?
  2. Ambros., De bonu mortis, c. 10, n. 45.
  3. Ambros., De bono mortis, c. 11, n. 51.
  4. Ambros., De Spiritu sancto, l. 11, n.49.
  5. Orat. in obits atris Satyr., l. 1, n. 66-69.
  6. Ep. 38 ad Horontian.
  7. Tertul., De præscriptione, initio, hæc citat : Oraculi Domini alti ; ex IV Esdr. viii, 20. Et contra Marcion, 1. iv, illud : Loquere in aures audientium ; ex IV Esdr. xv, 1. Là Vulgate est un peu différente, mais c’est le même sens.
  8. Clem. Alex., 1. 1 Stromat., p. 330.
  9. Clem., 1. iv Strom., p. 468. Ex IV Esdr. , 35.
  10. Synops. inter Opera Athan. de Libris Esdræ.
  11. Auctor operis imperfecti in Matth., hom. 34, ut videtur, ex Esdr. v, 42, vel forte legendum, propheta Esaias, ex Isa. LXII, 3.
  12. Cyprian. ad Demetrian. circa initium. Vide si placet IV Esdr. v.
  13. Vide Geneb. in Chronico, l. 1, ad ann. 3750, et IV Esdr., c. XIV, 21 et seq.
  14. Hieronym., advers. Helvid.
  15. Athan., in Synopsi.
  16. πότε ταῦτα συντελεσθήσεται ; Καὶ λέγει Κύριος· "Οταν ξύλον κλιθῇ, καὶ ἀναστῇ, καὶ ὅταν ἐκ ξύλου αἷμα ozás. Quod legitur in IV Esdr., v, 5. Item citatus ab auctore comment.in Marc. inter Opera S. Hieronym. et in tract. cui titulus est, Testimonia de adventu Domini in carne, inter Opera Greg. Nysseni.