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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

accompagné de ses principaux conseillers et de l’ambassadeur, désireux de voir comment on consultait les morts.

« Les païens firent selon la coutume de leurs croyances. Un vieillard apparut. Dès qu’ils l’aperçurent, ils se prosternèrent et lui rapportèrent le message du roi songhoï. Le vieillard répondit : « Je ne consentirai jamais à vous voir faire ce qu’on vous propose. Au contraire, combattez les Songhoïs et mourez jusqu’au dernier ou exterminez-les jusqu’au dernier. »

« Le roi dit alors à l’ambassadeur : « Retourne vers ton maître et dis-lui qu’il ne peut exister entre lui et nous que la guerre et les combats. » Lorsque tout le monde eut quitté le temple des idoles, l’ambassadeur adressa la parole à l’être qui était apparu sous les traits d’un vieillard et lui demanda : « Au nom de Dieu tout-puissant, qui es-tu ? — je suis Satan, fut il répondu, et je les ai égarés afin, qu’ils meurent en état d’impiété. »

« L’ambassadeur fit part à l’émir de tout ce qui s’était passé. La guerre sainte fut déclarée. Askia en sortit vainqueur, dévasta les campagnes et les villes, fit prisonniers enfants, femme ; et hommes, et les força à se convertir. »

Après le sud c’est l’ouest. Il faut abattre définitivement le puissant royaume de Mali. Près de douze années seront nécessaires (1501-1513). C’est d’abord Zalna la capitale, qui est prise, et si bien détruite qu’il est impossible aujourd’hui de savoir où s’élevait au juste cette ville importante. Puis Askia s’acharne contre les diverses provinces, villes et races du Mali.

La lutte fut opiniâtre de part et d’autre. La victoire ne resta aux Songhoïs qu’au prix de grands sacrifices ainsi que le montre l’anecdote suivante. L’émir perdit un grand nombre de ses meilleurs et plus braves soldats au Mali, un nombre si grand que son frère Omar se mit à pleurer et lui dit : « C’en est fait du Songhoï ! » Mais Askia lui répondit : « Au contraire