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L’EMPIRE SONGHOÏ

le Songhoi va prospérer. Toutes ces nations conquises nous rendront la vie plus facile. Désormais elles seront intimement avec nous et nous aideront dans nos entreprises. » Et il chassa de l’esprit de son frère tout souci et tristesse.

L’ouest ayant été réduit, il porta ses efforts à l’est, au delà du Niger oriental, vers le lac Tchad, et réorganisa cette partie de l’empire (1514-1519). Agadès s’était émancipé à l’instigation des Berbères. Il ramena cette ville dans le giron songhoï comme Sunni Ali avait fait de Dienné. Les royaumes de Katsina, de Kano, Zegzeg et Sanfara furent également soumis.

Bref son empire s’étendit au nord depuis les mines de sel de Thégaza, en plein Sahara, jusqu’au Bandouk ou pays de Bammakou, au sud ; depuis le lac Tchad au levant jusqu aux abords de la mer Atlantique au couchant. Pour traverser ce formidable royaume, rapporte un contemporain, il fallait six mois de marche.

Et pourtant le règne d’Askia le Grand n’est pas tant remarquable par l’étendue des territoire nouvellement acquis que par la sage organisation dont il dota le pays, et le soin qu’il prit d’incorporer intimement au Songhoĩ les nouvelles conquêtes.

Il ne se contenta pas, à l’exemple le Sunni Al, de Ieur demander simplement un tribut. Détruisant les anciens rouages, il les réorganisa sur de nouvelles bases et les fit administrer par ses fonctionnaires et ses officiers. L’empire se trouva donc agrandi non seulement pour la forme et temporairement, mais de fait et pour longtemps. « On lui obéissait, est-il dit, et on exécutait ses ordres dans l’empire entier aussi bien que dans le Songhoi même, comme dans son propre palais. »

Il créa quatre vice-rois ayant sous leurs ordres des gou-