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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

comme tous ses efforts ultérieurs se résument en un drainage du métal précieux. Pour le Soudan, le danger marocain se présente sous un aspect autrement intéressant. Il prend un caractère capital, vital même, car il met en jeu la question du sel.

L’Afrique intérieure est en effet privée de ce produit de toute première nécessité. Le sel représentait, et représente toujours, le principal article du commerce. Pour le Soudanais le véritable or, la matière précieuse par excellence, c’est le sel. On le tirait des mines de Thegaza, en plein Sahara, à une distance moindre du Maroc que du Niger. Et Thegaza, ainsi que nous l’avons vu en fixant les limites de l’empire d’Askia le Grand, était une terre songhoï : l’émir y avait un représentant.

Les premières hostilités se dessinent au milieu du xvie siècle. En 1545 le sultan Mouley Mohammed El Kébir envoie une ambassade au roi songhoï pour revendiquer la propriété de Thegaza sous prétexte que ce point était peu éloigné de ses frontières. Askia Ishak 1er ne goûla ni la prétention, ni l’argument, et accompagna son refus d’une armée de Touaregs. Il envoya ces auxiliaires piller Draa, une ville frontière du Maroc, montrant au Sultan qu’il était assez fort pour défendre sa propriété et tout disposé à le faire, si on tentait de la lui contester par la force.

Cette attitude décidée vaut au Soudan un répit d’une vingtaine d’années. La question est remise à un autre règne, celui de Mouley Abdallah. Il la reprend en lui donnant une autre forme : au lieu de Thegaza même, il réclame seulement une redevance pour l’exploitation des mines. Askia Daoud gouvernait alors le Songhoï. Il ne voulut point entendre parler de tribut, mais se montra plein de conciliation en envoyant un présent de dix mille mitkals d’or (150,000 fr). Le sultan admira la magnificence de ce cadeau et n’insista pas (1547).

Avec l’avènement du sultan El Mansour, l’échéance fatale