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L’INVASION MAROCAINE

approche. Une réforme très importante en la circonstance s’était accomplie sous son prédécesseur. L’armée marocaine s’était mise à la hauteur des progrès de l’époque : elle avait été pourvue de canons et d’armes à feu.

Dès le début de son règne, El Mansour s’occupa avec un soin tout particulier du Soudan. En 1583, sous les dehors d’une ambassade chargée de présents magnifiques, une mission est envoyée au Niger pour en reconnaître les routes, les villes principales, et étudier l’armée songhoï. Les ambassadeurs viennent jusqu’à Gaô où Askia el Hadj II leur remet des présents plus magnifiques encore. C’était attiser le feu des convoitises. Dans son impatience, sans autres préparatifs, EI Marsour lance vingt mille hommes sur la route de Tombouctou. Comme celle-ci est longue, traverse déserts sur déserts, et ne se prête guère à recevoir à l’improviste une armée aussi considérable, la soif et la faim arrêtent bientôt l’envahisseur. Un corps de 200 mousquetaires s’installe cependant à Thegaza. Aussitôt les Soudanais abandonnent la place et les mines, ayant découvert d’autres gisements à Taoudenni, où ils vont désormais chercher le précieux produit.

El Mansour eut donc du sel dont il ne savait que faire, mais d’or point. Aussi le Soudan resta-t-il sa grande préoccupation. Un nouveau souverain régnant au Songhoï, il tenta de relever l’ancienne prétention de tribut, et lui fit demander un mitkal d’or par charge de sel qui entrerait au Soudan. Askia el Ishak II refusa sans ambages, et pour exprimer toute sa pensée, accompagna sa réponse d’un envoi de javelots et d’épées. Il eut seulement le tort de ne pas suivre l’exemple qu’Ishak 1er avait donné en semblable circonstance : il n’envoya pas un corps de Touareg montrer sa force sur la frontière marocaine. Ce fut EL Mansour qui prit l’offensive.

Les hommes d’expérience et de bon conseil ayant été convoqués en une grande assemblée à Marrakesch, il leur exposa ses plans sous la forme suivante : « J’ai résolu d’attaquer le