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IX

DIENNÉ, HIER ET AUJOURD’HUI

Dans la tourmente des trois siècles qui ont suivi la conquête marocaine, Gaô, la capitale des Songhoïs a disparu. Du moins il ne reste plus rien de ce qui, dans leur centre principal, eût pu nous faire toucher du doigt la grandeur et la civilisation de ce peuple : monuments, mœurs, traditions ancestrales. Les Touaregs ont passé par là. Une tour massive en pylône, à la fois ruine de la grande mosquée[1] et tombeau d’Askia le Grand, puis, de quelconques cases de nègres, en petit nombre — voilà tout ce qui reste de Gaô.

Fort heureusement Dienné nous est parvenue pour ainsi dire intacte, à travers les siècles, si bien que nous y pouvons, à loisir, retrouver l’être et l’âme songhoï, peut-être même mieux que nous n’eussions pu le faire à Gaô. Par quel miracle ? Aucun. C’est le fait seulement de la position exceptionnellement privilégiée de la ville elle-même et du Dienneri, le pays qu’elle commande.

Le Dienneri, par excellence, est la surprenante image de la terre d’Égypte. Évidemment les émigrants en furent frappés et leurs meilleurs éléments durent y accourir. Là, plus que

  1. Cette mosquée fut construite par le roi de Mali, Kounkour Moussa, au retour d’un pèlerinage à La Mecque, vers 1325 (Tarik é Soudan).