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DIENNÉ, HIER ET AUJOURD’HUI

ler et disparaître. Et ainsi la ville put rester fidèle à ses anciennes traditions, de manière à nous apporter, à travers douze siècles, des preuves indéniables de son origine.

Si les maisons de style sont nombreuses, le type de l’édifice monumental nous manque. Il a existé cependant. L’habitation du chef ou gouverneur de Dienné était de dimensions beaucoup plus considérables que les habituelles demeures. Son rang le lui imposait, et aussi l’obligation de pourvoir au logement et à la vie d’un entourage nombreux, selon la coutume.

Son habitation, qui avait le nom de Madou, nous eût donc donné le type du palais songhoï. Malheureusement, au xie siècle survient dans l’histoire de Dienné un événement qui fait disparaître ce monument.

« La ville resta païenne, rapportent le Tarik et les dires populaires, jusqu’au deuxième tiers du ve siècle de l’Hégire (1050). À cette époque, elle se rangea à l’Islam, suivant en cela l’exemple de son chef, Koumbourou. Lorsque celui-ci eut résolu de se convertir, il convoqua tous les ulémas du Pays. Plus de quatre mille accoururent. En leur présence il se fit raser la tête et se reconnut musulman. Il demanda alors aux ulémas d’adresser à Dieu trois invocations en faveur de la ville : que tous ceux qui arriveront à Dienné, ayant quitté leur pays par suite de la gêne et de la difficulté de vivre, reçoivent de Dieu une vie si abondante et si facile qu’ils en oublient, leur terre natale ; que Dienné devienne un grand centre de commerce, et que, par suite, ses habitants soient comblés de richesses. Ainsi firent les ulémas, et ils accompagnèrent ces vœux de prières nombreuses. Dieu les exauça : la prospérité de la ville est une preuve de l’intervention divine.