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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

Dans leurs déplacements multiples ils distinguèrent pourtant une sorte d’oasis que les débordements du Niger formaient au milieu des sables. Par une dépression étroite mais assez profonde, puisque les hippopotames y venaient chercher refuge, le fleuve gonflé se glissait à l’intérieur des terres. Cette inondation avait l’aspect d’une rivière. À toute époque de l’année et tous les ans, on était assuré de trouver sur ses bords queique végétation ainsi que de l’eau abondante et excellente, car elle ne se corrompait pas dans sa cuvette de sable, quoique stagnante à certaines époques.

L’emplacement était donc précieux aux gens comme aux troupeaux. Il ne manquait pas d’agrément, d’autre part. Des palmiers y dressaient leurs élégantes silhouettes. Les nomades résolurent de s’en assurer l’exclusive possession. Un campement fixe y fut établi pour que personne ne vint s’y installer durant une de leurs absences. Dans la brousse voisine on alla couper des touffes de mimosas épineux, et, selon la coutume, on traça un sanié ou enclos en épines mortes, afin de se préserver des fauves du désert : lions, panthères, hyènes. Derrière cet abri des huttes en paille furent dressées, dans lesquelles les Touaregs déposèrent les provisions et autres objets qui les encombraient. Quelques Bailas ou esclaves furent commis à la garde de ce dépôt, et placés sous l’autorité d’une vieille femme de confiance, appelée Tomboutou, « la Mère-augros-nombril ».

Le sobriquet ne tarda pas à devenir populaire dans le pays et contribua à faire rapidement connaître ce campement fixe et ses avantages. « Les voyageurs s’y arrêtèrent, dit le Tarik è Soudân, ensuite les gens commencèrent à s’y installer à demeure fixe. Par la puissance et la volonté de Dieu la population s’augmenta. Les caravanes venant du Nord et de l’Est (Algérie et Tripoli) et allant vers les royaumes de Mali et de Ganata séjournèrent là pour renouveler leurs provisions. Un marché s’établit. À la barrière d’épines mortes se substitua