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À TRAVERS LES SIÈCLES

une haute clôture en nattes. Ce fut le lieu de rencontre de ceux qui voyagent en pirogue et de ceux qui cheminent à chameau. »

C’est ainsi que naquit Tombouctou, le campement ayant pris le nom populaire de « la Mère-au-gros-nombril ».

Cependant le lieu ne devint une ville digne de ce nom que le jour où les commerçants de Dienné (vieille déjà de plus de trois cents ans) y vinrent et s’y installèrent. Cette tradition que j’avais notée déjà là-bas me fut confirmée à Tombouctou : « Les Touaregs sont les pères de la ville, me dirent mes amis. Ce n’est pas tout. Quand tu étais petit, comment appelais-tu celle qui te nourrit, qui te donna son sein ? Ta mère, n’est-ce pas ? Eh bien, Dienné est la mère de Tombouctou, car c’est elle qui fit vivre et grandir le campement, et l’éleva à une grande place de commerce en y apportant des marchandises nombreuses. »

En même temps que le commerce, les Diennéens enseignèrent la manière de bâtir des demeures en briques crues. L’enceinte de nattes fut remplacée par un mur en terre, mais peu élevé « car ceux qui étaient à l’extérieur de la ville pouvaient voir ce qui se passait à l’intérieur ». On éleva sommairement une mosquée qui fut dans la suite la mosquée cathédrale, Ghinghéréber. Puis une femme très riche, originaire de Sokolo, fit bâtir un second temple, Sankoré, qui fut plus tard la mosquée-université. Et ainsi dégrossie, Tombouctou entra en concurrence avec Oualata.

Oualata[1] était au XIIe siècle le grand marché cosmopolite de l’Ouest-africain. « C’est là que se rendaient toutes les

  1. Appelée dans les anciens textes Ganata et Gana, par les Arabes, et Birou par les Songhoïs.