Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
270
TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

« manger les cadavres des animaux et même des hommes ». Une peste survint (1618).

Lorsque le Soudan est enfin pacifié, Tombouctou qui, par sa situation rapprochée du Maroc, est devenue la capitale des conquérants, ne peut pas reprendre un nouvel essor. C’est dans ses murs que se déroulent les rivalités des Roumas, que les pachas se disputent le pouvoir suprême. C’est dans ses rues que la troupe fait ses pronunciamientos. À chaque instant la ville est le théâtre d’une panique.

Les causes de décadence se multiplient dès que la désorganisation de la colonie marocaine devient visible, vers la fin du xviie siècle.

Au dehors, une nouvelle période de révoltes se dessine chez les Touaregs et autres nomades, principalement. Les Roumas sont encore assez forts pour les réprimer, mais on devine les perturbations et les ruines qui en résultent pour la clientèle de la ville.

Au dedans, les rivalités des chefs marocains prennent un caractère de plus en plus aigu. Les compétiteurs au titre de pacha tour à tour pillent et maltraitent les habitants. La population se divise et prend parti qui pour l’un, qui pour l’autre des prétendants. Des barricades s’élèvent, on se bat dans les rues, la populace pille les riches. L’une de ces révolutions, en 1716, dure quatre mois : nul ne peut se rendre au marché pendant tout ce temps, et « l’herbe y pousse » ! À un autre moment, en 1735, l’un des rivaux s’empare de Kabara, empêche de décharger les navires, et les marchandises de pénétrer à Tombouctou.

Rien d’étonnant dès lors que la ville se dépeuple et que les caravanes se fassent plus rares. Et puis, voici que les Touaregs, les Maures, les Foulbés, interviennent à leur tour dans ce gâchis. Ils commencent par inquiéter les environs de la ville. Des patrouilles sont obligées de protéger les commerçants sur Ja route de Kabara. À mesure que leurs incursions devien-