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À TRAVERS LES SIÈCLES

nent plus fréquentes, la résistance des Roumas se fait moins énergique. En 1770, les hommes voilés s’enhardissent jusqu’à investir Tombouctou pendant trois mois. Les Roumas sont incapables de conquérir la paix. Ils l’achètent. « On paya aux Touaregs un tribut de 48 chevaux pris parmi les meilleurs de la ville, 1,200 vêtements, des marchandises diverses et 7,000 mitkals d’or. »

Les nomades se répandent alors en toute liberté sur les rives du Niger et dans la Boucle, guettent et pillent les navires qui se rendent à Kabara, et lèsent ainsi les clients même les plus lointains de Tombouctou.

Au commencement du xixe siècle la cité était retombée dans la même situation qu’avant sa conquête par Sunni Ali : les Roumas et leur chef y étaient les représentants des Touaregs, gouvernaient et prélevaient l’impôt en leur nom. À mesure que la décadence s’accentue, la ville diminue en étendue. Les huttes de paille reparaissent. Les quartiers nouveaux bâtis au temps des Askia au nord de la ville se dépeuplent et leurs maisons tombent en ruines, si bien qu’aujourd’hui la ville est revenue à son périmètre du xve siècle, groupée autour de ses trois premières mosquées.

Une fois de plus Tombouctou fut délivrée des mains des Touaregs en 1827, lorsque surgit l’empire foulbé : Cheikou-Ahmadou fit contre eux une campagne heureuse et s’empara de la ville. Mais les nomades, redevenus agressifs, finirent par lasser ses successeurs, et ceux-ci, pour n’être pas obligés de faire d’incessantes colonnes, se résignèrent à leur verser un tiers de l’impôt qu’ils prélevaient à Tombouctou. Cela dura ainsi jusqu’en 1861 où EI Hadj Omar brisa la puissance des Foulbés.

Alors commença pour Tombouctou la période la plus critique de son histoire. Jamais les voies soudanaises ni les