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XIII

LE COMMERCE ET LA VIE

Le vieux chroniqueur soudanais a excellemment résumé toutes les raisons de la grandeur commerciale de Tombouctou en cette simple image : « C’est le lieu de rencontre de ceux qui voyagent en pirogue et de ceux quicheminent à chameau. »

La pirogue représente le sud de Tombouctou, le Soudan, c’est-à-dire la fertilité et la richesse en toutes choses.

Le chameau a une signification plus compliquée, car il figure toute l’Afrique du nord : le Sahara d’abord, c’est-à-dire la stérilité, mais aussi les précieuses mines de sel gemme ; puis les pays arabes : Maroc, Algérie, Touat, Tunisie, Tripolitaine ; enfin l’Europe, par les dépôts de marchandises qu’elle a installés dans les ports des États barbaresques.

Il fallait au Nord et au Sud un intermédiaire à leurs échanges et un entrepôt pour leurs productions : ce fut là le rôle de Tombouctou. Elle servit de trait d’union entre le monde berbère-arabe et le monde nègre.

Une situation unique lui facilitait merveilleusement cette tâche. Placée à la sortie du dédale de bras, de canaux, de lacs, et au lieu où le Niger occidental et oriental tracent leurs cours opposés, elle offrait au Sud un point de concentration facile, desservi dans toutes les directions par « des chemins qui marchent ». Le Soudan pouvait réunir là en grandes quantités ses divers produits et satisfaire à la fois tous ses clients du Nord.