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Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/416

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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

noirs) s’embarquent dans un chaland, afin de reconnaître leur route jusqu’à Kabara, et d’y recueillir les informations nécessaires pour mettre les deux colonnes au courant de la situation dès leur arrivée. Mais aussitôt se produit un incident qui va déjouer les plans arrêtés et hâter la prise de Tombouctou de la façon la plus imprévue.

L’approche du chaland ayant été signalée à Kabara, Touaregs et Tombouctiens se massent sur le rivage, immobiles et silencieux, et aussitôt que le chaland est à portée, une nuée de javelots et de lances s’envole, les Kountas déchargent leurs armes, une clameur s’élève. Une balle, seule, a porté et blessé un laptot. L’équipage a eu le temps de se garer des javelots en se couchant au fond du chaland : il riposte aussitôt par un feu de salve, qui fait tomber sur le rivage plusieurs blessés et un mort. Alors tout le monde prend la fuite : les Touaregs dans le Désert, les Tombouctiens vers leur ville.

Quelques heures plus tard canonnières et chalands jetaient l’ancre dans le bassin de Kabara.

Pendant la nuit, à Tombouctou, les autorités tiennent conseil.

— Que faut-il faire ? demande Hamdia, chef de la ville.

— Voici ma pensée et mes paroles, répond le cadi Ahmadou Baba. Il faut écrire une lettre au commandant et lui dire : « Ce qui s’est passé à Kabara, ce n’est pas nous qui l’avons fait. Ce sont les Touaregs, dont nous avons peur. Nous, gens de Tombouctou, nous ne nous opposons pas à votre arrivée, car vous tenez tous les pays dont nous tirons notre commerce et notre nourriture. Nous sommes donc en votre main. » Tel est mon avis.

— J’ai peur de faire cela, répond Hamdia. Les Touaregs m ont déjà injurié ce matin, me disant que nous avons écrit