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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

tumulte indescriptible. Les cris de guerre dominent, jetés par l’ennemi qui frappe et tue de tous côtés, à coups de lance, de sagaie, de sabre, poignard, casse-tête, etc. Quelques coups de feu parmi les clameurs de détresse, et c’est tout.

Nos tirailleurs ont succombé sous l’avalanche humaine… En quelques minutes tout est terminé.

Cependant trois Européens, un officier et deux sous-officiers, le capitaine Nigote, le sergent-major Baretti et le sergent Lalire, ainsi que quelques hommes réussissent à se frayer un passage en lâchant leur coup de feu, et parviennent à gagner quelques buissons à proximité du campement.

Au milieu de difficultés et de périls inouïs, le capitaine Nigote rassemble les fuyards et les conduit jusqu’au convoi laissé en arrière. Là, ils peuvent se reformer.

Quatre-vingt-deux des nôtres et deux guides manquent à l’appel. Neuf officiers, dont le colonel, trois sous-officiers, dont deux Européens, huit caporaux et soixante tirailleurs indigènes sont tombés sous les coups de l’ennemi.

D’après ce qu’ont pu juger les survivants de ce terrible drame, dans la nuit et le tumulte, le détachement a été attaqué par environ deux cents cavaliers et deux à trois cents fantassins. L’ennemi a prononcé son attaque par le nord-ouest avec un mouvement enveloppant. L’objectif était manifestement l’état-major de la colonne. Il est absolument certain que les Touaregs montés étaient sur des chevaux et que pas un seul mehari ne se trouvait dans l’affaire. Il est certain aussi que les Touaregs ne se sont servis que de l’arme blanche.

Vingt-cinq jours après l’événement, la seconde colonne, commandée par le colonel Joffre, arriva à son tour à Tacoubao et fut assez heureuse pour recueillir du moins les squelettes des treize Européens. Elle les transporta à Tombouctou. Derrière un enclos en épines mortes on les coucha, au pied du fort qui commençait à s’élever au sud de la ville. En grande solennité les derniers honneurs leur furent rendus devant