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LA CONQUÊTE FRANÇAISE

toute la garnison et la population assemblées. Le canon tonnait de minute en minute. Puis de modestes tertres en briques crues et de pauvres croix noires furent élevés sur les tombes des héros malheureux. Et alors le colonel Joffre pensa à les venger. On ne tarda pas à apprendre que les Tenguéréguifs se trouvaient non loin de Goundam, entre les lacs Faguibine et Fati. Il leur fut fait ainsi qu’ils avaient fait. On les surprit une nuit dans leurs campements, à Kiti, et nos tirailleurs et nos spahis en firent un grand massacre. Ils avaient, suivant l’expression qui leur est propre, payé la rançon du sang.

Depuis, parce que nous avons vengé nos morts, ainsi que l’exigent les mœurs du Désert, parce que nous détenons le pays et les marchés dont vivent les Touaregs, leurs diverses tribus ont fait leur soumission. Je n’oserais affirmer qu’elle est complète et définitive. Parfois il faudra leur démontrer encore que leur néfaste domination est finie et qu’ils ont trouvé un maître.

Tombouctou, elle, est demeurée fidèle, sans la moindre défaillance à travers ces vicissitudes, à la parole donnée dès le premier Jour : « Nous sommes désormais avec vous » ; et il n’est guère à prévoir qu’elle songe jamais à la reprendre. Après s’être fait attendre un an, la réponse du sultan du Maroc, qu’escomptaient les rares intransigeants, est arrivée. Le seigneur de Fez a écrit :

« Louange à Dieu l’unique.

« Que la bénédiction et le salut soit sur notre seigneur Mahomet, sur sa famille, sur ses compagnons.

« Salut à vous, chef de la ville et notables. Que Dieu vous accorde ses faveurs accompagnées de ses bénédictions et de sa miséricorde.

« J’ai prêté une grande attention à l’aide et à la protection que vous m’avez demandées. J’ai eu un grand chagrin. Je me serais rendu à votre appel et vous aurais appuyé avantageuse-