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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

réconfortant de la terre. Au bruit des crépitements, entremêlés parfois des rugissements d’un fauve surpris au gîte par les flammes, magnifiquement illuminés, nous glissions au milieu d’un fleuve de feu.

Et ainsi, voguant au gré de ma fantaisie, tellement que mes Bosos, tout experts qu’ils fussent de la route, nous déclaraient parfois égarés ; n’ayant d’autre souci que d’éviter la monotonie des lieux et des dires ; soutenu par l’orgueilleuse pensée d’avoir au bout de ma plume quelques lignes de l’histoire du monde lorsque Dienné et Tombouctou auraient été atteints, toutes ces jouissances enfin, étant pimentées par l’appréhension d’une maladie subite comme par le danger toujours latent d’une attaque imprévue, n’est-il pas vrai que ce fut une unique croisière que celle de mon yacht de chaume ?

Je ne suis pas né poète, ô Niger ! Hélas combien je le regrette à l’heure présente ! Ne te dois-je pas le plus rutilant des poèmes pour avoir, dès mon arrivée sur tes rives, fait de moi un millionnaire, que dis-je ! un archi-millionnaire ?

Je n’étais cependant arrivé auprès de toi qu’avec quelques milliers de francs en poche. Tu les pris, et magnifiquement, tu me rendis des millions…

Millions de cauris, l’unité monétaire dans tes royaumes, petits coquillages blancs du volume d’un grain de raisin sec,