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III

LA VALLÉE DU NIGER

L’ancienne et persistante renommée de Tombouctou, son commerce vanté dans tout le nord de l’Afrique, son prestige de métropole riche et puissante, auraient permis d’affirmer, à priori, que les régions aux abords desquelles s’élève la grande cité nigritienne, inconnues encore, se composent de pays remarquablement fertiles.

Une réputation telle que celle de Tombouctou ne pouvait être usurpée. Une erreur qui se serait propagée à travers quatre ou cinq siècles, un trompe-l’œil qui aurait abusé aussi longtemps le monde civilisé sans que rien vint détruire l’illusion dans la suite des temps, serait sans exemple dans l’histoire. Dans son cabinet, entre une carte moderne d’Afrique et les œuvres d’El Bekri, de Ca da Mosto, de De Barros, de Léon l’Africain, ou de tel autre voyageur de jadis, le géographe pouvait donc raisonner ainsi :

Le grand marché de Tombouctou est au seuil du désert. Du sable au nord. Du sable à l’est. Du sable à l’ouest. Ce n’est pourtant pas avec du sable que s’alimente un grand trafic !

Reste le sud… Pour que Tombouctou ait joué le rôle commercial qui lui est attribué il faut que le sud offre — comme une presqu’île de fertilité s’avançant dans la mer des sables