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Le Messager Évangélique.

Il est instructif de considérer le contraste qui existe entre la position de Trophime, en Actes XXI, 29, et sa position en 2 Tim. IV, 20. Dans le premier de ces passages, nous le voyons, en compagnie de Paul, dans les rues de Jérusalem ; dans le dernier, nous le voyons confiné dans une chambre à Milet. Or, c’est sa présence à Jérusalem avec Paul, qui avait surtout réveillé et irrité les violents préjugés des Juifs, qui croyaient que Paul l’avait conduit avec lui dans le temple. Un Juif et un Éphésien marchant ensemble : c’était tout à fait en harmonie avec l’évangile de Paul : mais aussi tout à fait révoltant pour les préjugés des Juifs. À Éphèse, Paul et Trophime auraient pu cheminer ensemble sans exciter aucune malveillance, aucun soupçon ; il n’en était pas de même à Jérusalem. La présence d’un Juif et d’un Gentil ensemble à Jérusalem était regardée comme une insulte flagrante à la dignité juive ; c’était le renversement du mur mitoyen de séparation, c’était en fouler audacieusement les décombres. Or les Juifs n’étaient pas préparés à un pareil mépris de ce qu’ils estimaient leurs privilèges et leurs devoirs. Ils portaient sur leurs deux compagnons des regards de sombre sus­picion et cet étrange rapprochement anime les flammes qui éclatent bientôt avec une terrible véhémence autour du bien-aimé apôtre des Gentils. Hélas ! on est porté à douter que les deux amis dussent se trouver dans les rues de Jérusalem ; ce n’était assurément pas là la sphère du travail assignée à Paul. « Je t’enverrai au loin vers les nations, » telle avait été la parole du Maître (Actes XXII, 21). Mais Paul avait voulu aller à Jérusalem et, y étant, il ne pouvait pas refuser de mar­cher en compagnie d’un Éphésien ; il était trop droit