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Trophime.

pour cela. Il ne pouvait pas, comme le pauvre Pierre, s’éloigner d’un frère gentil par crainte des Juifs. Mais d’un autre côté, les cérémonies du temple et les rela­tions intimes avec Trophime ne pouvaient absolument pas se concilier. Là gisait la difficulté. Si les institutions du temple devaient être honorées et maintenues, alors pourquoi cette association avec un étranger incirconcis ? Si Paul et Trophime étaient, l’un et l’autre, enrôlés comme concitoyens de la Jérusalem céleste, alors pourquoi reconnaître, de quelque manière que ce fût, l’ancien système judaïque ?

Ces réflexions entourent d’un intérêt particulier le nom de Trophime. En effet il est, à la fois, fort intéres­sant et instructif de rapprocher les trois seuls passages, dans lesquels ce nom se rencontre. D’abord (Actes XX, 4), nous le voyons comme l’un des disciples qui ac­compagnèrent Paul en Asie. Ensuite (Actes XXI, 29), nous le voyons, en compagnie de l’apôtre, dans la ville de Jérusalem. Enfin nous l’avons vu laissé malade à Milet. Dès lors le rideau se baisse sur lui. Dans ce der­nier état, il pouvait, paisiblement, repasser dans son esprit le passé, et regarder en avant avec confiance vers l’avenir. Il ne pouvait plus traverser l’Asie, ni circuler dans les rues de Jérusalem avec le plus dévoué et le plus honoré des hommes. Il était malade à Milet et Paul était à Rome, prisonnier et attendant un pro­chain martyre ; mais tous deux pouvaient, d’un œil clair et serein, regarder à ce radieux et béni séjour d’en haut, vers lequel l’un et l’autre s’avançaient ra­pidement, et où ils sont maintenant en sûreté pour n’en plus sortir jamais.

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