SUR LES ROUTES DE PROVENCE[1]
II. — LES MONUMENTS DU MOYEN ÂGE ET DE LA RENAISSANCE
aint Trophime avait, suivant la tradition, pris place à côté des « trois
Marie » dans la barque qui, au premier siècle de l’ère chrétienne,
aborda sur les côtes de Provence. Remontant le Rhône, il apporta la
parole évangélique au peuple arlésien, devint le premier évêque et le
patron de la ville. C’est donc sous son vocable que fut érigée la basilique
où, en 1178, l’empereur Frédéric Barberousse fut sacré roi
d’Arles. La cathédrale Saint-Trophime remonte au moins au ve siècle.
Détruite par les Sarrazins, reconstruite et remaniée à diverses époques
du xe au xviie siècles, elle a été entièrement restaurée à partir de 1873.
Cet édifice religieux de premier ordre est surtout remarquable par son
portail et son cloître.
La porte principale s’ouvre sous un porche profond. Une grande baie rectangulaire, accostée de pilastres cannelés avec chapiteaux sculptés, est divisée en deux par une haute colonne de marbre. Elle est surmontée d’un linteau où paraissent les douze apôtres, et d’un tympan d’où se détache, dans un nimbe ovale, un Christ assis, un doigt levé, entouré des symboles des Évangélistes. Une voussure profonde est formée de groupes d’anges. Une archivolte aux larges feuilles d’acanthe encadre le portique. À droite et à gauche, des pilastres de marbre, entre lesquels » alignent de rigides statues de saints, reposent sur des blocs figurant des lions, des combats d’animaux, des scènes bibliques. Sur les pilastres court une double frise représentant la procession des élus conduite par deux évêques et la foule des damnés qu’un ange écarte du paradis et que des démons poussent vers l’enfer. Ce portail est un bijou de
- ↑ Suite. Voyez page 253.