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À 1 h. 30 ou 1 h. 45, le second déjeuner, toujours très joyeux ; il dure une demi-heure. Ensuite, si le blizzard ne souffle pas, on promène les poneys et on se livre à des exercices physiques. Puis les officiers se remettent au travail, tandis que les hommes emploient le reste de la journée à diverses corvées. Le dîner est servi vers 6 h. 30, et fini vers 7 h. 1/4.

La soirée, chacun s’occupe comme bon lui semble. Les uns lisent ou écrivent ou terminent un mémoire scientifique, tandis que d’autres jouent. Trois soirs par semaine ont lieu nos conférences qui font toujours une salle pleine. À 11 h. du soir, les lampes à acétylène sont éteintes ; ceux qui veulent lire dans leur lit doivent se servir de bougies. À minuit, presque tout le monde dort, sauf le veilleur.

Le samedi dans l’après-midi ou le dimanche matin, on procède à des ablutions plus complètes, on se rase et parfois on endosse des vêtements propres. Ces événements, ainsi que le service divin, marquent la succession des semaines.

Mardi, 20 juin. — L’escouade qui doit entreprendre une expédition au cap Crosier fait ses préparatifs de départ. Tout le monde s’est ingénié à améliorer le matériel de campement pour adoucir le sort de nos camarades dans cette pénible entreprise.

LE FRONT DU GLACIER DE BARNE.

Jeudi, 22 juin. — Le milieu de l’hiver. L’événement est fêté ce soir par un grand dîner. Pour la circonstance, la salle a été décorée de pavillons, et les tasses et les cruches émaillées habituelles remplacées par une belle verrerie et des bouteilles de champagne. Ce fut un véritable festin. Il commença par une soupe au phoque, le triomphe de notre cuisinier et continua par un superbe rosbeef garni, un plum-pudding, une mayonnaise de poisson et se termina par un dessert aussi abondant que délicat. Point de fêtes sans discours ! J’ouvre le feu et, après avoir remercié mes camarades du concours dévoué qu’ils me prêtent, je bois au succès de l’expédition. Ensuite, sur mon invitation, tous les convives prennent à tour de rôle la parole. Les premiers orateurs m’adressent de tels éloges que je prie les suivants de ménager ma modestie et de ne pas mettre ainsi en cause leur commandant. Dans mon for intérieur, je suis cependant très satisfait de me voir ainsi apprécié, et très sensible aux compliments qui me sont donnés. Si la bonne volonté et la camaraderie sont des facteurs du succès, nous méritons de réussir.

Le dîner terminé, on enlève la table. Ponting fait alors devant nous une série de projections représentant les environs de notre station. Ces admirables photographies soulèvent l’enthousiasme. Jamais des vues aussi parfaites et aussi artistiques n’avaient été encore obtenues dans l’Antarctique. Après cette séance