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nous pèse en pensant que la tempête mine les forces de nos bêtes sur qui repose l’avenir de l’expédition.

Je serais tenté de rapporter la dépression, que les blizzards déterminent chez nos chevaux, à une déperdition de la chaleur animale, produite par la fusion de cette poussière neigeuse qui pénètre profondément dans leur toison. De plus, pendant ces ouragans, les parties les plus sensibles des animaux, leurs naseau, leurs yeux, leurs oreilles sont criblées par la neige que le vent fait tourbillonner. Continuellement ils sont harcelés par la chute de cette poussière et, par suite, ne peuvent se reposer.

LES PONEYS DERRIÈRE LEUR MUR DE NEIGE, AU CAMP SUR LA GRANDE BARRIÈRE.

Mercredi, 8 novembre. — Jusqu’à une heure avancée de la nuit, vent, avec ciel couvert et menaçant. Nous remettrons-nous en route ? La proposition longtemps discutée rencontre de nombreux opposants. Quoi qu’il en soit, je décide de partir et, peu après minuit, l’avant-garde s’ébranle. À ma grande surprise, une fois les couvertures enlevées, les « rosses » sont en très bonne forme. À les voir traîner leurs lourds fardeaux sans l’ombre de fatigue, notre confiance augmente. Gaillardement, elles traversent les flaques molles, ne s’arrêtant que pour avaler au passage un morceau de neige.

À 1 600 mètres du bivouac, rencontré une balle de fourrage : Bowers la recueille sur son traîneau. Sa charge se trouve ainsi portée à 360 kilogrammes ; son poney, Victor, n’en repart pas moins allégrement. La piste est d’ailleurs excellente. Rarement les animaux enfoncent jusqu’aux boulets et pas du tout sur les plaques de neige dure.

Quand nous campons, ce matin, à 11 heures, il fait étonnamment chaud ; calme plat et soleil radieux. Par un pareil temps, bêtes et gens sont pleins d’entrain. Après la traversée de la zone éventée située plus au Nord, nous souhaitons la continuation de cet agréable régime.

Jeudi, 9 novembre. — Fidèles à notre programme, nous parcourons pendant la nuit un peu plus de 18 kilom. 5. L’escouade d’Atkinson, qui s’est mise en route à 11 heures du soir, couvre 11 kilom. 2 afin d’échapper à une petite brise nocturne qui heureusement tombe bientôt. Comme elle a prolongé sa grande halte, nous effectuons côte à côte la dernière partie de l’étape.

Les chiens du groupe de Meares nous ont suivis si facilement pendant cette étape que leur conducteur a songé à pousser plus loin. Les choses semblent bien tourner. Le temps est superbe, avec un soleil radieux. Le thermomètre marque −24°,4.

Vendredi, 10 novembre. — Une étape horrible. Pendant la première partie 19 kilom. 2, vent debout très frais, se changeant ensuite en tempête de neige.

Après une trotte de 5 kilom 5, Wright, qui marche en tête, éprouve de grosses difficultés à maintenir