Page:Le Tour du monde, nouvelle série - 20.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


L’ESCOUADE DU PÔLE PRENANT SON REPAS.

La croûte superficielle, très mince, cède, et nous enfonçons. Du fait de la tempête qui nous a assailli à la fin de la Barrière, nous sommes en retard de six jours sur Shackleton : aussi pressons-nous le pas. Depuis notre arrivée dans cette région accidentée du Beardmore, les crevasses ne sont pas aussi dangereuses que je le craignais ; les chiens auraient très certainement pu venir jusqu’ici. Nous avons terriblement chaud ; en marche, nous transpirons abondamment, puis dès que nous faisons halte, nous sommes glacés, mais le soleil efface tous les maux.

Dimanche, 17 décembre. — Peu après le départ, terrain très difficile : en avant, des lignes de séracs, et, entre nous et la terre, de longues vagues cimées de glace bleue et tapissées de neige très molle dans les creux. Plusieurs de ces ondulations atteignent une hauteur de 10 mètres ; pour les descendre, nous nous laissons glisser sur le traîneau. En un clin d’œil nous arrivons ainsi au bas de la pente, puis, en vertu de la vitesse acquise, remontons une partie du versant suivant ; après quoi, un coup de collier effroyablement ardu amène le véhicule au sommet de la crête. Après deux heures de cet exercice, j’aperçois une vague plus large que les autres, dont la crête se prolonge par une nappe de glace bleue. Une fois au sommet de cette ondulation, nous parcourons en terrain plat 3 200 mètres ; après cela, de nouveau une pente rapide et nous sommes au sommet de ce gradin. Ensuite, plus rien que des champs de neige de consistance très différente, parsemés d’affleurements de glace.

Campé, après avoir couvert 20 kilomètres. Si nous conservons cette allure, nous gagnerons sur Shackleton. Après tout, je ne vois pas pourquoi nous n’y arriverions pas, à moins que, plus haut, le glacier ne soit très accidenté.

Lundi, 18 décembre. — Ciel nuageux et chute de neige. La terre en vue à tribord : aussi, malgré le temps sombre, pouvons-nous marcher. De 8 h. 20 à 1 heure de l’après-midi, couvert les 12 km. 8 habituels. Après un terrain assez facile, de la glace très rugueuse avec des fentes qu’on eût dites taillées à coup d’épée, puis, une nouvelle pente très difficile. Nous inclinons alors à gauche, sans trouver au début grande amélioration, mais, arrivés au sommet d’une montée, le terrain s’améliore ; pour l’instant, les choses s’annoncent