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Pendant la dernière heure et quart, de nouveau un champ de neige molle et marche rapide. Campé à 6 h. 45, après 25 kilomètres. Guider la marche de notre petite troupe constitue une tâche singulièrement laborieuse. Celui qui en est chargé ne peut, comme ses camarades, laisser vagabonder sa pensée, et, quand on se trouve au milieu d’une région tourmentée comme cet après-midi, le choix de la route cause une véritable fatigue. Heureusement, depuis notre arrivée sur le plateau, le soleil a lui constamment.

Jeudi, 28 décembre. — Après s’être mise en route sans difficultés, mon équipe a dû ensuite peiner pendant deux heures. L’autre groupe a passé également de mauvais moments. J’ai alors pris la place du lieutenant Evans à son traîneau ; lequel m’a semblé lourd. Cette équipe ne marchant point mon pas, je peux à tout au plus me maintenir ; je remplace alors Lashley par le sous-officier Evans. Dès lors, cela paraît aller mieux. Au sommet, nous campons pour la cinquantième fois.

LE CAMP DES CHIENS SUR LA GRANDE BARRIÈRE.

Pour quelle raison le halage du deuxième traîneau est-il dur ? Les uns attribuent cette difficulté à l’extrême fatigue de plusieurs hommes de la seconde équipe, les autres à une allure mal réglée et au manque d’élan ; d’autres enfin prétendent que ce traîneau glisse mal. L’après-midi, les deux escouades ont échangé leurs véhicules. Après un excellent début, le halage du second est devenu épuisant sur de la neige molle, tandis que l’autre avançait aisément. Il est donc évident que ces difficultés proviennent du traîneau lui-même. Ses patins sont bons, mais le bâti a été déformé par des chocs et par un chargement défectueux. La seconde escouade n’est donc pas fatiguée comme je le redoutais, elle aura simplement à remédier à l’avarie de son véhicule.

Vendredi, 29 décembre. — Altitude : 2 715 mètres environ. Le plus mauvais terrain que nous ayons encore rencontré ; halage très pénible ; néanmoins nous couvrons 12 kilomètres. Si la piste redevient aussi mauvaise, un gros effort sera nécessaire pour conserver notre moyenne. Le plateau semble continuer à s’élever lentement. À ma grande satisfaction la seconde équipe maintient une bonne vitesse, maintenant qu’elle a découvert les causes de sa lenteur : un chargement trop rigide de son traîneau, et un défaut de cadence.

Cinquante et unième campement de nuit. Température : −21°,1. Cet après-midi, livré un nouveau combat. Seulement 22 kilomètres ! Halage très dur sur deux pentes. La neige poudreuse, poussée par le vent sur les montées, demeure amassée sur celles tournées au Nord. Ces amas pulvérulents, sont la source de nos plus grandes difficultés.

Le vent tourne du Sud-Est au Sud-Sud-Ouest, forçant, puis mollissant par intervalles. Très ennuyeuse cette brise, car elle ralentit la marche des traîneaux ; en revanche, elle nettoie la piste ; j’espère que demain la situation sera meilleure. Terriblement monotones, les étapes. Nos pensées se reportent à des jours plus agréables, mais la nécessité de tenir la route nous rappelle vite à la réalité. Aujourd’hui, plusieurs heures de marche très régulière ; ce sont les meilleures depuis longtemps, on oublie donc et on avance.

Samedi, 30 décembre. — Entre le déjeuner et le cinquante-deuxième campement marche très pénible et très fatigante, seulement 20 kilomètres.