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LE MONT CLOUDMAKER.


LE PÔLE MEURTRIER[1]

JOURNAL DE ROUTE DU CAPITAINE SCOTT
Adapté par M. Charles Rabot


VI. — AU PÔLE.


L’arrivée au Pôle. — Cruelle déception à la vue du drapeau planté par les Norvégiens conduits par Amundsen. — Le retour. — Étapes affreusement pénibles. — Froids excessifs. — Le sous-officier Evans devient fou. — Il meurt. — Situation de plus en plus critique.


LE Dr WILSON.


Lundi, 15 janvier. — Altitude 2 985 mètres. Dernier dépôt. Les nuages ont disparu, et maintenant le soleil brille dans un ciel clair. Pendant la nuit, la petite brise qui soufflait hier a molli et la température est tombée à −31°,6 ; minimum : −32°,9. La piste a été abominable ; en quatre heures quarante-cinq, nous avons couvert seulement 11 kilom. 1. En arrivant à la grande halte, nous étions tous exténués.

Quelle joie à la pensée que deux longues étapes seulement nous séparent du Pôle ! Aujourd’hui, nous avons laissé en dépôt neuf jours de vivres ; donc, maintenant, le succès est certain ; une seule crainte nous hante, c’est que les Norvégiens ne nous aient précédés.

Mardi, 16 janvier. — Soixante-huitième campement. Altitude : 2 928 mètres. Température : −30°,8. Dans la matinée, nous avons couvert 12 kilomètres. À midi, l’observation nous place par 89°42′. À la pensée que demain nous arriverons au but, nous sommes repartis pleins d’entrain…

Deux heures plus tard, les yeux perçants de Bowers découvrent dans le lointain comme un cairn ; à cette vue il éprouve un malaise ; après tout, cela peut être tout simplement une vague de neige. Une demi-heure après, droit devant nous, il distingue une tache noire. Impossible de douter : elle est formée par

  1. Suite. Voyez pages 13, 25, 37, 49, 61 et 73.