LE PÔLE MEURTRIER[1]
VI. — AU PÔLE.
undi, 15 janvier. — Altitude 2 985 mètres. Dernier dépôt. Les
nuages ont disparu, et maintenant le soleil brille dans un ciel clair.
Pendant la nuit, la petite brise qui soufflait hier a molli et la température
est tombée à −31°,6 ; minimum : −32°,9. La piste a été abominable ;
en quatre heures quarante-cinq, nous avons couvert seulement
11 kilom. 1. En arrivant à la grande halte, nous étions tous exténués.
Quelle joie à la pensée que deux longues étapes seulement nous séparent du Pôle ! Aujourd’hui, nous avons laissé en dépôt neuf jours de vivres ; donc, maintenant, le succès est certain ; une seule crainte nous hante, c’est que les Norvégiens ne nous aient précédés.
Mardi, 16 janvier. — Soixante-huitième campement. Altitude : 2 928 mètres. Température : −30°,8. Dans la matinée, nous avons couvert 12 kilomètres. À midi, l’observation nous place par 89°42′. À la pensée que demain nous arriverons au but, nous sommes repartis pleins d’entrain…
Deux heures plus tard, les yeux perçants de Bowers découvrent dans le lointain comme un cairn ; à cette vue il éprouve un malaise ; après tout, cela peut être tout simplement une vague de neige. Une demi-heure après, droit devant nous, il distingue une tache noire. Impossible de douter : elle est formée par
- ↑ Suite. Voyez pages 13, 25, 37, 49, 61 et 73.