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ont bien soin de faire peindre en grosses lettres sur leurs ballots : marchandises de Pékin. Il en est de cela comme des modes de Paris ; les dames mongoles ne seraient pas satisfaites des cadeaux que leurs maris leur rapportent de leurs longs voyages, si elles ne les croyaient pas fabriqués dans la capitale de l’empire.

Malgré son importance, la ville de Kalgan n’est pas même indiquée sur l’excellente carte de l’Asie orientale publiée par Andriveau-Goujon. Bien plus, l’abbé Hue, qui pourtant a dû passer dans son voisinage lorsqu’en compagnie du P. Gabet il se rendait de la Mandchourie au Thibet, ne la mentionne pas davantage.

Licencié ou Licou-tsai. — D’après un dessin chinois.
Colporteur à Kalgan. — D’après un dessin chinois.

Elle est située par quarante-deux degrés de latitude et cent treize de longitude ; c’est la ville la plus septentrionale de la Chine proprement dite.


LA TERRE DES HERBES.

Description de la grande muraille. — Son fondateur. — Son inefficacité comme défense de guerre. — Montagnes de Tching-gaunoula. — Vallée et auberge d’Ouche-tiao. — Plateau de la Mongolie. — Magnifique coucher de soleil au désert. — Bourgaltai. — Confusion inexprimable à l’arrivée. — Fête de la reine Victoria. — Départ de sir Frédérick Bruce, ministre d’Angleterre. — Escorte des voyageurs dans les steppes. — La calèche de Mme de Baluseck. — Les charrettes chinoises.


Les voyageurs, accompagnés de Mme de Baluseck et de sa suite, repartirent de Kalgan le 24 mai.

En sortant de la ville, une autre route se dirige à l’ouest vers Sin-houang-tsen, siége de la mission de Mongolie, dont le pro-vicaire reprit le chemin après mille souhaits de bon voyage.

On s’engage, aussitôt après, dans une gorge de montagnes formée par un lit de torrent à sec, qui mène par des pentes rapides jusqu’à la grande muraille qui couronne les hauteurs. Ce prodigieux ouvrage de défense se compose de doubles remparts crénelés, reliés entre eux par des tours et des fortifications ; ce sont des murs en pierre de taille et en moellons cimentés avec de la chaux, d’une hauteur de cinq mètres, d’une épaisseur de trois mètres et dont les parements sont courbes.

La grande muraille, dont les ramifications s’étendent jusqu’au delà du Kansou, pendant une longueur de dix mille lis[1] ou de cinq mille kilomètres environ, est loin de présenter, pendant tout son parcours, une masse de maçonnerie aussi imposante.

L’empereur Tsin-chi-hoang-ti, qui l’a fit élever dans le troisième siècle de l’ère chrétienne, s’était appliqué à défendre surtout le nord des provinces de Pe-tche-li et du Chan-si, voisines de sa capitale.

D’après l’aveu des Chinois, la grande muraille va toujours en diminuant de hauteur et d’épaisseur, et dans le Kan-sou ce n’est plus qu’un simple mur ; bientôt même

  1. Le li, mesure de longueur, représente environ la moitié du kilomètre ; il change de valeur suivant les provinces de la Chine. Un li vaut seize cents thi ; le thi, qui équivaut à notre pied, varie entre trente et trente-cinq centimètres. On distingue le tchi de charpentier, le tchi de tailleur et le tchi de li.