Page:Le Tour du monde - 10.djvu/344

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mes ordres ; aussi distribuai-je libéraiement à droite et à gauche, parmi les chefs restés fidèles à leur promesse, ces coupons de gros drap rouge auxquels ils attachent tant de prix et dont ils rehaussent l’éclat de leur costume de guerre. Nous reprîmes ensemble la question jadis controversée. L’abolition du rite mériah n’avait, me dirent-ils, entraîné pour eux aucuns désastres ; néanmoins ils s’irritaient parfois de la contrainte que je leur avais imposée en apprenant que des sacrifices humains avaient eu lieu dans le Boad, le Jeypore ou quelque autre des États voisins. L’impartialité du gouvernement devait le porter, ils l’espéraient du moins, à exiger des autres districts la même obéissance qu’on avait obtenue du leur. Je dus promettre qu’il en serait ainsi et je pénétrai immédiatement dans le Boad où Chokro Bissoi, toujours à la tête de quelques adhérents, maintenais une certaine agitation. Le premier but à y poursuivre était évidemment la restitution des cent soixante-dix prisonniers enlevés au capitaine Macpherson, puis le rétablissement de la confiance chez les Khonds. Impitoyablement traités par les employés indigènes sur lesquels ils s’étaient permis de cruelles représailles, toute visite officielle leur était un objet de terreur. Ils s’enfonçaient à mon approche dans leurs impénétrables forêts et je ne trouvais littéra-

Jeunes femmes destinées au rôle de mériahs, délivrées et élevées par l’administration anglaise. — Dessin de Castelli d’après sir John Campbell.