Page:Le Tour du monde - 14.djvu/160

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mot, j’avais ma liberté. Ne possédais-je pas tout ce que ces malheureux eussent désiré comme un rêve de félicité ?

Voyez un malade, il vous dira qu’avec la santé on jouit de tout ; un prisonnier vous répétera qu’avec la liberté on est heureux ; voyez enfin ces pauvres diables et vous aurez, vous, par la comparaison, toutes les félicités désirables : tant il est vrai que dans ce monde le bonheur n’est que relatif, et qu’il suffit de savoir borner ses désirs pour être satisfait, pour être heureux, même selon le véritable sens du mot.

Le soir la plaine s’éleva de nouveau insensiblement en forme de plateau très-bas sur lequel paraissaient encore quelques reliefs de grès. Nous fixâmes notre campement près de l’un d’eux, formant une petite éminence au-dessus de la plaine de sable ; les chameliers nomment cet endroit Anhatik el baguar (fiente de vache). Au désert cela suffit pour rendre un point remarquable.

Grand désert de Korosko. — Dessin de Karl Girardet d’après l’album de l’auteur.

Le grès qui formait ce monticule était plus friable encore que celui des dernières montagnes ; il suffisait d’une faible action mécanique pour le désagréger et le réduire en sable semblable à celui du désert.

Au pied de ce monticule, le sol était jonché de pierres sphéroïdales ressemblant, selon leur dimension, les unes à des boulets, d’autres à des biscaïens ou même à de grosses balles de fonte grumeleuse. Quelques-unes de ces pierres étaient accouplées deux par deux, d’autres groupées en plus grand nombre. Leur conformation intérieure est encore plus curieuse. Ce sont de véritables géodes de sable, à couches concentriques.

Trémeaux.

(La suite à la prochaine livraison.)

Les géodes de sable. — Dessin de Karl Girardet d’après l’album de l’auteur.