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Femmes japonaises allant en visite. — Dessin de Émile Bayard d’après des photographies.


LE JAPON,


PAR M. AIME HUMBERT, MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE DE LA CONFÉDÉRATION SUISSE[1].


1863-1864. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.




Nos voisins (suite).

Peu à peu, des rapports de bon voisinage se sont établis entre notre résidence et le quartier des Yakounines. Au Japon, comme ailleurs, les petits présents entretiennent l’amitié. Quelques envois de sucre blanc et de café de Java faits aux familles où nous avions appris qu’il se trouvait des femmes en couche ou des malades, furent acceptés avec reconnaissance.

Un jour que j’étais seul à la maison, entre quatre et cinq heures de l’après-midi, le monban vint m’annoncer l’arrivée d’une députation féminine du quartier des Yakounines, et me demander s’il devait la renvoyer. Ces dames avaient reçu de leurs maris l’autorisation de nous présenter leurs remercîments ; mais par la même occasion elles exprimaient le désir qu’on leur permît d’examiner notre ameublement européen. Je répondis au portier que je me chargerais de leur faire les honneurs de la résidence.

Bientôt j’entendis le bruit d’un certain nombre de chaussures de bois sur le gravier des allées du jardin, et je vis paraître au pied de l’escalier de la vérandah en face du salon, tout un groupe de figures souriantes, parmi lesquelles on distinguait quatre femmes mariées, deux jeunes filles nubiles, et des enfants de tout âge. Les premières se faisaient remarquer par la sévérité de leur toilette : aucun ornement dans leurs cheveux ; pas d’étoffes claires ou de couleurs éclatantes parmi leurs vêtements ; pas de fard sur le visage ; mais les dents teintes en noir d’ébène, comme il sied, selon les notions japonaises, à toute femme en puissance de mari. Les jeunes filles, au contraire, rehaussent la blancheur na-

  1. Suite. — Voy. page 1.