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bitudes et leurs caractères de leurs parents les Cries des Plaines, cavaliers pillards. Nous avons vécu six mois parmi eux sans avoir eu une seule occasion de nous plaindre d’un vol. Ils sont très-habiles comme trappeurs et comme chasseurs d’élan ; parfois ils poursuivent les bisons qui, lorsque l’hiver est rude, dépassent la lisière des forêts. Comme ils peuvent, en échange de fourrures, se procurer aux postes de commerce tout ce dont ils ont besoin, ils sont beaucoup mieux vêtus et mieux équipés que les Indiens des plaines. Mais l’élan devient rare et parfois les Cries des Bois ont beaucoup à souffrir de la faim.

Ces Indiens, comme du reste presque tous ceux que nous avons rencontrés, gouvernaient leurs familles admirablement. Chez eux les disputes conjugales paraissent inconnues et l’on n’entend presque jamais un enfant pleurer.

Femme Crie (sang-mêlé). — Dessin de Émile Bayard.


Une des choses qui nous frappa le plus à mesure que nos relations avec eux se développèrent, c’était de ne trouver parmi eux ni chevelures grisonnantes, ni calvitie, ni difformité. Ce dernier avantage peut, jusqu’à un certain point, être expliqué par la liberté du choix dans le mariage ; peut-être aussi, par le soin que les mères ont de bien ranger les membres des enfants dans le sac à mousse ou berceau indien[1], composé d’une planchette ayant des deux côtés un morceau de toile qui se lace au centre. L’enfant est posé le dos sur la planchette, empaqueté avec de la mousse bien choisie, et les bras serrés le long du corps.

La Ronde était de retour le 9. Il n’avait, dans sa première journée, trouvé que peu de traces de gibier ; plus loin, les marques de martres étaient devenues assez abondantes, et il avait tendu quelques trappes.

Le 10, la gelée fut très-rude ; il était tombé six pouces de neige dans la nuit. On se mit à la construction d’une couple de traîneaux à cheval pour aller dans les plaines se procurer de la viande fraîche.

  1. Un berceau des Peaux-Rouges est figuré dans le Tour du Monde, t. I, p. 372.