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mines sont fort basses ; le toit en est soutenu par des troncs mis debout, qui supportent des poutres de traverse ; l’eau en est épuisée au moyen de roues à seaux qui font la chaîne. L’hiver, ces engins deviennent parfaitement inutiles et se recouvrent d’énormes glaçons. Nous en vîmes encore deux qui fonctionnaient et qu’on tenait en état en les garantissant par un toit et en allumant des feux.

Nous eûmes aussi la chance de trouver en pleine activité les claims Cameron, Raby et Caledonian, qui sont trois des plus riches de William’s Creek. Nous y descendîmes avec quelques-uns de leurs heureux propriétaires ; nous rampâmes dans ces galeries fort semblables à des égouts. Parfois nous pouvions distinguer le jaune scintillement de l’or ; mais, en général, il n’est pas perceptible, même dans la boue la plus précieuse. M. Steele, du claim Cameron, eut l’obligeance de nous montrer les livres de la compagnie ; le rendement total des trois puits pour chaque semaine montait de cinquante à cent vingt-cinq mille francs ; mais les dépenses étaient de trente-cinq mille. Quatre-vingts ouvriers gagnaient chacun de cinquante à quatre-vingts francs par journée.

Extraction et lavage de l’or à Cameron Town. — Dessin de Émile Bayard d’après MM. Milton et Cheadle.

Tous les jours, à midi, on vide les boîtes et on retire l’or, qui reste mélangé d’une certaine quantité de sable noir. Au lavage d’un seul puits du claim Raby, auquel nous assistâmes, l’or remplissait une des boîtes d’étain dont on se sert pour les conserves et qui contenait environ un quart de livre, c’est-à-dire la valeur de vingt-cinq mille francs pour quinze heures de travail.

Le 30 octobre, après avoir passé dix jours à William’s Creek, nous partîmes de Cameron Town et nous traversâmes de nouveau le Fraser, Soda Creek, Lytton et Yale. Nous ne fîmes que de courtes stations à Victoria et San Francisco.

Nous rentrâmes à Liverpool par Panama et New-York.

Le 5 mars 1864, en débarquant du China, nous nous vîmes entourés de vieux amis qui nous souhaitaient la bienvenue, et nous retrouvâmes bientôt les doux et vrais plaisirs du foyer domestique.

Traduit par Belin de Launay.