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Chaîne des Dômes (côté sud), vue des premiers contre-forts du Mont-Dore. — Dessin de Hubert Clerget.


VOYAGE AUX VOLCANS DE LA FRANCE CENTRALE,


PAR M. FERDINAND DE LANOYE[1].


1864. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.


XI


Les routes du Mont-Dore. — Le volcan de Gravenoire. — Menhir et tombeau. — Section méridionale des Puys et leurs champs phlégréens. — L’oasis de Randanne. — Souvenirs de M. de Montlosier. — Le lac d’Aydat et Sidoine Apollinaire. — Les sources de la Sioule. — Les roches Tuilière et Sanadoire. — Le lac de Guery. — La vallée des Bains.

Pour aller de Clermont au Mont-Dore, on a le choix de trois routes, indépendamment du chemin de fer d’Issoire. À l’ancienne et à la nouvelle route de Bordeaux, qui contournent, — celle-ci par le levant, celle-là par le couchant, le groupe méridional des Puys de Dôme, je préférai le chemin direct de Royat à Randanne, qui le traverse ou le longe en entier.

Nous quittâmes Clermont d’assez grand matin pour nous trouver au lever du soleil, au point où cette voie, se détachant de celle qui mène de Saint-Mart à Royat, commence à contourner les flancs du volcan de Gravenoire, au-dessus du château de Belle-Vue. Il n’est point de site mieux nommé que celui-ci : du sommet de l’hémicycle de verdure dont Clermont occupe le centre, il domine en entier le vaste golfe que l’ancien Léman d’Auvergne a creusé entre les promontoires avancés de Chanturges et de Gergovie, et qu’aujourd’hui quatre-vingt milliers, au moins, de créatures humaines animent de leurs travaux, vivifient de leurs industries, enrichissent et ornent des créations de l’art et des recherches du luxe. À toute heure du jour, cette perspective, prolongée à travers la Limagne jusqu’aux montagnes de la Loire, est splendide. Vue le matin, alors que les vapeurs blanches étendues sur la plaine par l’atmosphère de la nuit, commencent à se fondre en rosée scintillante, et que les ombres persistantes dans les concavités du sol, dans les profondes ravines du plateau, contrastent avec les lueurs roses et dorées dont se couronnent les hautes cimes, elle défie toute description.

C’est ainsi que nous vîmes le sombre bois de pins qui revêt, depuis un certain nombre d’années, les contours de Gravenoire, s’illuminer graduellement, et les rayons lumineux venir se briser, entre les noires ramilles entrelacées, sur les aspérités rougeâtres du cône volcanique. Grâce à son voisinage de Clermont, ce volcan a été plus qu’aucun autre visité et décrit. Je n’insisterai donc ni sur la puissance de ses coulées, ni sur son origine qu’on veut rattacher à la masse granitique du Puy de Charade qui le domine au couchant.

Les scories de Gravenoire, ont une apparence excessivement fraîche : elles sont rouges, d’un brun calciné ou toutes noires ; elles affectent la forme de bombes, de larmes ou de cylindres. La pouzzolane qui leur sert de gangue est très-recherchée, parce qu’elle entre comme ingrédient dans le mortier de tous les édifices du voisi-

  1. Suite. — Voy. t. XIII, p. 65, 81, 97 ; t. XIV, p. 257.