Page:Le Tour du monde - 14.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

S’adressant aux ministres de la religion, leurs dogmes ne lui offrent que des sujets d’effroi : les dieux mêmes, d’après les brahmanes, sont soumis à la loi de la transmigration. Quant aux hommes, chacun d’eux a déjà passé antérieurement par une multitude d’existences diverses, et, selon ses actions dans ce monde, il devra reprendre une forme supérieure, ou descendre un échelon plus bas. Brahma, l’esprit universel, d’où toutes choses émanent, est aussi le terme fatal de toutes les existences. Mais qui pourra dire la longueur du voyage de tel être humain en particulier ? et qui prémunira le malheureux voyageur contre les embûches que les démons sèment jusque sous les pas des plus sages, issus des castes les plus pures ?

Pagode d’Hatchiman. (Détail.). — Dessin de Thérond d’après une photographie et une aquarelle de M. Roussin.

Siddhârtha prend une résolution suprême : « Je veux qu’en disparaissant d’ici-bas, je ne sois plus sujet aux vicissitudes de la transmigration. Je trouverai la voie qui met un terme à la naissance et à la mort ; et quand je l’aurai découverte, j’en ferai part au monde, enseignerai la loi de grâce pour tous. »

Il avait alors vingt-neuf ans. Il se sépare de son père, de ses femmes, de ses enfants ; visite les plus célèbres écoles des maîtres de la loi de Manou, et s’adonne pendant six années à l’étude des systèmes religieux, ainsi qu’aux exercices ascétiques des brahmanes ; mais il arrive à la conviction que ce chemin n’est pas celui qui mène à l’intelligence accomplie.

Ce fut un peu plus tard, au sein de la retraite et de la méditation solitaire, qu’il se sentit tout à coup fixé sur les bases de sa doctrine. Dès ce moment il crut pouvoir se dire qu’il était enfin revêtu de la qualité de Bouddha, en pleine possession de la parfaite intelligence.