Page:Le Tour du monde - 15.djvu/216

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remous de la foule qui se précipite sur le chemin du cortége pour apercevoir de plus près les personnages qui le composent. Je garde pour dimanche prochain la description des costumes ; le cortége sera à peu près composé de même et la tenue sera beaucoup plus brillante. Le défilé du cortége, le temps qui lui est nécessaire à venir des portes au grand autel, font bien comprendre les dimensions de Saint-Pierre ; de loin, ainsi porté sur les épaules de douze hommes bien appareillés, le pape, sur sa sedia, semble de la grandeur d’un enfant de dix ans ; il faut la réflexion en l’absence de l’homme pour mesurer l’édifice ; mais la présence d’un défilé quelconque en fait sentir immédiatement les dimensions.


Pénitents montant l’Escalier saint. — Dessin de Crépon d’après Picart.

Le pape alla s’asseoir au fond de l’abside, les cardinaux s’avancèrent pour le saluer, ou faire ce qu’on appelle l’obédience, puis la distribution des palmes commença. Elle fut longue, et le parut encore davantage, car tout se passait loin du pauvre public dont je faisais partie. Le pape assis, met sur ses genoux une sorte de tablier de soie blanche ; un camérier ou bussolante, pose sur ses genoux une palme, le pape la tient avec sa main droite, à laquelle brille l’anneau pontifical ; le destinataire approche, plie le genou deux fois, baise l’anneau, baise la palme, la prend et se retire. Cette cérémonie fut accomplie par les cardinaux, les évêques, les dignitaires ecclésiastiques et civils, les étrangers fonctionnaires ou choisis. Les palmes étaient tenues par les bussolanti, dont le nom n’a pas d’équivalent en français ; jadis elles étaient tenues par des princes romains ou de hauts diplomates étrangers, mais le goût de ces fonctions, demi-serviles, qui nécessitaient des