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struite presque toute en bois, elle est située sur la rive gauche du Volga, dans l’angle que forme le fleuve avec la rivière du même nom. On y fait un grand commerce de bétail, de suif, de poisson frais ou salé et de caviar. On y élève beaucoup de moutons kalmouks et kirghis. Une partie considérable des fines peaux d’agneau, désignées sous le nom d’Astrakan, vient de Samara. On en exporte aussi une grande quantité de pelisses ou touloupes.

Les environs nous ont paru bien cultivés et fertiles.

Pour quelques copecks, on nous vend des melons d’une très-bonne qualité. Les pastèques, les arbouses ou melons d’eau viennent en abondance dans les terrains humides et chauds qui bordent la Samara et le Volga. On les conserve dans le sel pour l’hiver : c’est, en somme, une nourriture assez fade.

Nous rencontrons partout une grande quantité de pommiers, dont quelques-uns, nous dit-on, produisent la pomme transparente que nous avons remarquée à Kazan.

On nous apporte un petit animal qui a beaucoup de rapport avec un lièvre, mais qui n’est que de la grosseur d’un rat : on le nomme Tchokouska. Il vit dans les broussailles, et il a des terriers comme le lapin ; il n’en sort que le matin et le soir. Il pousse un cri très-perçant qu’on entend à une très-grande distance. Pendant l’hiver, il creuse des galeries sous l’épaisse couche de neige qui couvre le gazon et cherche sa nourriture sans se faire voir au grand air.

Le rat musqué est aussi très-commun dans les environs de Samara. Les pêcheurs en prennent très-souvent dans leurs filets.

Les reptiles, qu’on trouve si rarement dans le nord de la Russie, commencent à se montrer ici. — Les lézards égayent les buissons. — On rencontre aussi cà et là la vipère commune et un serpent noir dont je n’ai pu savoir le nom.


Tchouvachs, types et costumes. — Dessin de M. Moynet.

La tarentule est commune à Samara. Elle n’inspire pas une grande terreur aux habitants, sa morsure n’ayant jamais occasionné d’accident grave. Il y a des endroits où le sol est criblé de ses traces.

Un des ennemis de cette contrée est l’insecte ovoïde appelé tique du chien. Au printemps on ne peut aller nulle part sans être couvert de ces vilaines petites bêtes.

Après Samara, le Volga est divisé en plusieurs bras par des îles qui se succèdent sans interruption. Le paysage, qui était très-riche autour de la ville que nous venons de laisser derrière nous, s’appauvrit ; la rive gauche redevient très-basse et toute nue ; mais sur la rive droite toujours bordée de collines, se dresse, à 340 mètres, un peu en aval de Syzran, le Biélij-Kliousk, le plus haut sommet de la Russie centrale.

Saratof, chef-lieu du gouvernement de ce nom, est une ville très-importante située sur la rive même du fleuve ; on y fait un grand commerce de cuirs et de sels. L’établissement de colonies allemandes à sa proximité l’a fort enrichie.

On nous raconte que la ville de Saratof avait été bâtie d’abord sur la rive gauche, près d’un petit cours d’eau. Au dix-septième siècle, la ville fut reconstruite sur l’emplacement actuel, au pied des montagnes Sokolofskié. Le sol qu’elle occupe est très-accidenté. Les maisons sont partagées en deux par un grand ravin qu’on traverse sur des ponts. On a trouvé au fond de ce ravin les os fossiles de très-grands animaux. Les maisons en pierre sont en majorité ; une petite colonie française y exerce diverses professions. Une des premières choses qu’on remarque en entrant dans l’intérieur de la ville est un joli magasin dont la devanture est garnie de gravures de modes françaises, d’une foule de rubans, et d’autres objets de toilette de la plus grande fraîcheur. Ces sortes de rencontres nous font toujours plaisir.

Notre capitaine nous prévient qu’ayant un charge-