Page:Le Tour du monde - 63.djvu/320

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me présageant que des aventures désagréables, et l’autre | me paraît dans l’impossibilité absolue de faire deux jours de marche, tant il tient mélancoliquement sa pauvre tête entre ses jambes de squelette ; je la relève doucement pour voir ses yeux et m’aperçois qu’il est borgne. Le premier, m’assure-t-on, accuse des défauts qu’il n’a pas, et le second dissimule toutes ses qualités : au surplus, s’ils ne me plaisent pas, on les changera en route. Je consens donc à les garder pour éviter tout retard. Quant aux hommes, je m’en inquiète médiocrement : c’est à moi à les former. Du reste je n’ai pu obtenir leur concours et celui de leurs chevaux que jusqu’à Taïkou, où je devrai réorganiser ma caravane, pour aller à Fousan. Enfin, comme personne n’a fait le voyage, nous prendrons en route nos renseignements de direction. Ma monture étant choisie, mon interprète prend pour lui, malgré mes conseils, le petit cheval aux allures ombrageuses, puis c’est le tour des deux soldats, enfin du cuisinier. Restent trois chevaux destinés à porter les sapèques, mes bagages scientifiques, culinaires, personnels, etc. ; j’en précise le chargement, et pour ne pas fatiguer ma mémoire des noms composites de mes compagnons, je me décide à appeler chacun d’eux par le numéro d’ordre qu’il occupera dans la caravane, qui, vu l’absence complète de route, devra marcher en file indienne. Contrairement aux rites, je place au premier rang le plus farouche de mes deux soldats, auxquels je laisse leurs armes pour ménager leur amour-propre militaire : ce guerrier se nommera donc Un, et le palefrenier qui l’accompagne Deux ; puis viennent les palefreniers Trois, Quatre, Cinq, chargés de surveiller le bagage. Dix est mon cuisinier et Sept un palefrenier. Mon interprète et un palefrenier s’appellent Huit et Neuf ; un autre palefrenier et mon second soldat, chargé de porter mes ordres le long de la petite

Carte de Corée.